Des boutiques de la SAQ dans les épiceries : une idée farfelue


Édition du 05 Juillet 2014

Des boutiques de la SAQ dans les épiceries : une idée farfelue


Édition du 05 Juillet 2014

On a appris récemment que la Société des alcools du Québec (SAQ) souhaitait ouvrir des succursales Express dans des supermarchés. Elle y vendrait de 400 à 500 produits et y aurait ses propres employés.

Le but est d'accroître ses ventes et ses bénéfices, afin de verser plus de dividendes à l'État. Le réseau actuel de la SAQ semble avoir donné tout ce qu'il pouvait. Bien que ses prix aient été haussés considérablement et que les produits vendus à prix modéré y soient de plus en plus rares, la SAQ a subi une baisse de son bénéfice lors de son dernier exercice : 1 003 millions de dollars, par rapport à 1 031 M$ pour l'exercice précédent. Quant au dividende, il a été de 1 058 M$, comparativement à 1 048 M$ l'année précédente, ce qui était inférieur aux attentes du gouvernement.

Toutefois, les chiffres les plus révélateurs des résultats de la SAQ sont ses ventes en litres : 189 millions de litres de vins, de spiritueux et de bières ont été vendus en 2013-2014, en regard de 192 M lors de l'exercice précédent. La tendance est la même pour les trois catégories de produits. On a ici une bonne illustration de la courbe de Laffer, selon laquelle «trop d'impôt tue l'impôt». En d'autres termes, à trop taxer, on réduit la demande des consommateurs, qui achètent moins.

La SAQ a probablement étendu à son maximum son réseau de succursales, et ses heures d'ouverture sont probablement optimales, d'où l'idée de miser sur l'achalandage des épiceries.

La réaction des porte-parole des chaînes de magasins d'alimentation a été très mesurée. En gros, on a dit qu'on étudiait la proposition. On ne veut pas fermer la porte à une occasion d'augmenter le nombre de clients dans certains magasins, mais on voit certainement aussi le risque que cette avenue pourrait représenter sur leurs propres ventes de vins.

En réalité, si la SAQ voulait vraiment profiter de l'achalandage des grandes épiceries, elle devrait tout simplement y distribuer plus de produits qu'actuellement et, surtout, améliorer et diversifier son offre. Bien entendu, elle ne veut pas ouvrir cette porte davantage, car elle cannibaliserait les ventes de ses propres magasins. Or, ceux-ci ont des frais fixes très élevés, qui doivent être supportés par un volume de ventes élevé. Il lui faut protéger ce volume.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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