Au-delà des compressions de dépenses, un enjeu fédéral


Édition du 14 Juin 2014

Au-delà des compressions de dépenses, un enjeu fédéral


Édition du 14 Juin 2014

Si le gouvernement Couillard tient ses promesses, le budget du ministre Carlos Leitao ne représente qu'un très petit aperçu de ce qui nous attend l'an prochain.

Alors que l'exercice financier 2013-2014 du gouvernement s'est soldé par un déficit de 3,1 milliards de dollars, celui qui a débuté le 1er avril laissera un trou de 2,35 G$.

Pour revenir à l'équilibre en 2015-2016, le gouvernement devra faire l'an prochain des compressions de 2,4 G$ dans ses dépenses, après celles de cette année, qui sont évaluées à 2,7 G$, et trouver 3,3 G$ de mesures supplémentaires parmi les révisions de programmes que lui aura suggérées la commission qui sera créée à cette fin. On mise aussi sur des économies de 100 millions de dollars cette année et de 500 M$ l'an prochain provenant du gel des effectifs, une contribution de 279 M$ en deux ans des sociétés d'État et un apport de 331 M$ en deux ans également des fonds spéciaux et des organismes non subventionnés.

C'est énorme. Qu'on en juge par les taux respectifs de croissance prévus des dépenses de santé au cours des trois prochains exercices (3,0 %, 2,7 % et 3,0 %), d'éducation (2,2 %, 1,9 % et 2,2 %) et de tous les autres ministères (1,2 %, - 1,5 % et 0,7 %). Ces dernières années, les dépenses de santé ont souvent augmenté, de l'ordre de 5 % à 6 % par année.

Il faudra aussi voir comment on arrivera à geler les effectifs. On a déjà entendu cet engagement, mais il semble que l'on n'y soit jamais parvenu.

Choix de société et capacité de payer

Si l'on en est rendu là, c'est pour une raison bien simple : après avoir emprunté pendant des décennies pour payer les salaires des fonctionnaires, le gouvernement du Québec a fait vivre ses citoyens au-dessus de leurs moyens. Alors que la croissance économique du Québec est, depuis longtemps, inférieure à celle du PIB canadien, on a ajouté plusieurs programmes sociaux lourdement financés par l'État (garderies, assurance parentale, assurance médicaments, scolarité universitaire au rabais, procréation assistée, etc.), que les autres provinces estiment ne pas avoir eu les moyens de se payer.

Ces choix de société ont un coût. En effet, pour nous offrir ces services distinctifs, le Québec impose cette année un fardeau fiscal supplémentaire de 1 410$ par habitant, selon des calculs du ministère des Finances. Cette donnée a été établie pour montrer que le Québec ne vit pas aux crochets de la péréquation canadienne, laquelle est fondée sur la capacité fiscale de chaque province.

Cet effort fiscal supplémentaire demandé aux Québécois est la différence entre, d'une part, les revenus totaux de 9 610$ par habitant du gouvernement et, d'autre part, le total des revenus autonomes qu'il perçoit (7 042$ par habitant) et des 1 158$ par habitant provenant de la péréquation fédérale (9 610$ - 7 042$ -1 158$ = 1 410$).

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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