SOPA: Vrai problème, mauvaise solution

Publié le 18/01/2012 à 17:26

SOPA: Vrai problème, mauvaise solution

Publié le 18/01/2012 à 17:26

BLOGUE. J'espère que vous n'aviez pas besoin de Wikipedia aujourd'hui.

Au cas où vous ne le sauriez pas encore, la version anglaise de la populaire encyclopédie en ligne, l'un des sites Web les plus visités au monde, est fermée mercredi pour protester contre la potentielle adoption de projets de lois américains régissant le droit d'auteur sur Internet.

Deux projets de loi sont à l'étude. L'un est baptisé SOPA (Stop Online Piracy Act) et l'autre, PROTECT IP (Preventing Real Online Threats to Economic Creativity and Theft of Intellectual Property Act), aussi appelé PIPA à l'occasion.

Les deux partagent la philosophie de profiter du statut d'épicentre du Web du territoire américain pour tenter de contrôler par une loi nationale un problème international.

Ainsi, proposent-ils, même s'il est impossible de s'en prendre directement à un site Internet de téléchargement illégal de films physiquement situé en Russie, on peut l'attaquer indirectement en profitant de certains leviers qui, eux, se trouvent en territoire américain.

L'argent étant le nerf de la guerre, on peut essayer de limiter ses sources de revenus en interdisant aux annonceurs et aux réseaux publicitaires américains de s'y associer. On peut aussi forcer les entreprises de paiements (Visa, MasterCard, Paypal, etc.) implantées aux États-Unis de faire affaire avec eux. Et on peut aussi forcer les moteurs de recherche, notamment Google, à censurer tout lien vers eux.

Dans leur forme initiale, on proposait même de carrément modifier le système de gestion de noms de domaine (DNS) pour bloquer l'accès à ces sites. Les serveurs DNS sont ceux qui traduisent les adresses Internet telles que vous les connaissez (ex.: www.lesaffaires.com) en adresse Internet que les ordinateurs reconnaissent (ex.: 67.69.225.109) et dirigent vos requêtes au bon endroit. Il s'agit véritablement de la fondation d'Internet. De telles modifications auraient comporté des risques de sécurité importants et elles ont depuis été à peu près écartées.

Ces projets de loi ont soulevé un fort tollé sur Internet, certainement avec raison, mais aussi, malheureusement, sur la base même de leur principe.

Il existe une forte communauté d'influenceurs en ligne qui s'oppose systématiquement à toute forme de contrôle du véritable problème qu'est le piratage. Leurs arguments sont connus: la liberté d'expression, la créativité et même l'entrepreneuriat. Ce sont des valeurs nobles auxquelles il est difficile de s'opposer. C'est malheureusement vrai même quand elles sont usurpées.

Non, pouvoir télécharger gratuitement le film Hangover 2 n'est pas un droit constitutionnel. Non, l'interdire ne met en danger aucun grand principe démocratique. Non, on ne nuit pas à l'avancement de la science ou de l'éducation populaire. On ne retarde pas le développement d'un remède contre le cancer. 

Je suis donc d'accord avec les motivations qui sous-tendent les projets SOPA et PROTECT IP. D'accord aussi avec la base de la stratégie, celle d'utiliser les leviers auxquels on a accès pour tenter d'atteindre l'inaccessible.

L'ennui, c'est qu'il y a évidemment des risques d'abus et que ces projets, dans leur forme actuelle, en font très peu pour limiter ces risques. Même si on peut comprendre leur frustration et imaginer comment elles pouvaient être désemparées par moment, les industries de la musique et du cinéma n'ont pas toujours fait preuve du plus grand discernement dans leurs actions légales et il est très facile d'imaginer qu'elles pourraient abuser de ces nouvelles dispositions.

Le principe incorporé à ces deux projets de bloquer l'accès ou les transactions à un site complet (pour être plus précis, un nom de domaine complet) pour une infraction qui ne peut être commise que sur l'une de ses pages est aussi abusif en soit. Beaucoup des sites les plus populaires (Facebook, YouTube, Wikipedia, etc.) sont bâtis par des communautés d'utilisateurs. Devrait-on bloquer l'accès à Wikipedia parce que quelqu'un, quelque part, a placé un texte illégal dans le bas d'une définition? C'est le genre d'abus auquel on ouvre la porte.

Bref, je suis de ceux qui croient que les projets SOPA et PROTECT IP ont besoin de révision avant d'être adoptés, mais pas de ceux qui croient qu'on ne devrait tout simplement pas en parler.

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