Nantel - Élections: un peu de cran messieurs!

Publié le 21/10/2013 à 09:12, mis à jour le 21/10/2013 à 09:20

Nantel - Élections: un peu de cran messieurs!

Publié le 21/10/2013 à 09:12, mis à jour le 21/10/2013 à 09:20

J’ai tenté, lors de mes trois dernières chroniques, de passer le message qu’aucun des candidats à la mairie de Montréal ne semblaient parler de la colonne des revenus. Ce soir aura lieu un important débat sur la question de l’économie. Alors je tenterai cette fois d’être plus direct. Puisque vos promesses vont augmenter les dépenses de la ville, comment comptez-vous accroître ses revenus? Suis-je assez clair cette fois?

Chers lecteurs et surtout chères lectrices, vous avez bien lu, j’ai bien écrit messieurs car le seul candidat à avoir du cran (non, je ne tomberai pas dans les métaphores faciles) est une candidate. Mélanie Joly ose reprendre le combat jadis défendu par Gérald Tremblay, celui d’un nouveau pacte fiscal avec Québec. Bravo Mélanie, vous avez, sur ce sujet, tout à fait raison. Montréal, au risque de mourir étouffée, ne peux plus se passer d’un tel pacte.

Pour sa part Richard Bergeron propose un pacte fiscal à la pièce. Pas mauvais mais pas facile. Un combat projet par projet en commençant par le tramway et l’Entré maritime. Dans ce dernier cas, le lancement aujourd’hui du livre de François Legault, qui fait de la revitalisation du port et des berges de Montréal un projet mobilisateur et à fort potentiel, lui apporte un appui significatif.

Marcel Côté quant à lui est convaincu qu’il y a une importante marge de manœuvre dans une gestion plus serrée de la ville. Je crains fort que cette seule avenue soit insuffisante pour permettre à Montréal, ville de plus en plus martyre, de se relever. A cet égard je dois avouer que la campagne de M. Côté, pour qui j’ai le plus grand respect, est pour le moins décevante. Je reviendrai à la fin de ma chronique sur ce que je considère être la plus grande erreur de sa campagne.

Reste Denis Coderre. Pour l’instant ce dernier s’évertue à promettre qu’il ne promet pas de geler les taxes foncières. Si deux négatifs font un positif et si un positif suivi d’un négatif font un négatif, que nous promet au juste M. Coderre? A son crédit, mentionnons qu’il est le seul des candidats à considérer de nouvelles sources de financement autonome pour la ville, notamment pour le transport collectif. Pour ma part je suis convaincu que la STM constitue non seulement le transport de l’avenir mais aussi l’un des média les plus prometteurs. Déjà au printemps dernier j’avais écrit une chronique sur ce sujet. Imaginez un moment la possibilité pour une entreprise d’engager une conversation quasi quotidienne avec un million de Montréalais prenant le métro matin et soir. Si un candidat a déjà bien compris le rôle des nouveaux médias c’est bien M. Coderre. D’ici là cependant, cher #@Denis, pourriez-vous nous dire quelque chose sur la question du pacte fiscal ne serait-ce que parce que, de tous les candidats, vous êtes le seul à posséder une expérience de la politique à un pallier supérieur?

Marcel, vous m’avez déçu

Je connais, sur le plan professionnel, M. Côté depuis plus de 30 ans. Pour moi, en matière d’analyse commerciale, de méthodologie de recherche et de planification stratégique, Marcel Côté est un peu le Wayne Gretsky de ma profession. En 1989, alors que je préparais le dépôt d’un mémoire pour la commission parlementaire qui étudiait la question de l’ouverture des magasins le dimanche , Marcel Côté m’avait, à juste titre, fait remarquer que l’une des questions du sondage que j’allais utiliser était biaisée et que cette question ferait perdre de la crédibilité aux arguments que je souhaitais défendre. Or dans la saga des appels robotisés que l’Équipe de Marcel Côté a autorisés, la plus grande faute, selon à moi, ne fut pas la méthode non plus que la question initiale tant décriée « Qui pensez-vous appuyer à l’élection du trois novembre? Pour Richard Bergeron faite le 1 » Non, ma grande déception fut la question qui suivait la première : « Saviez-vous que des élus de Projet Montréal font l’objet d’une controverse pour le financement d’un organisme? Appuyez-vous cette façon de faire? »

Marcel, en entrevue à TVA vous avez trouvé regrettable que le sondage n’ait pas mentionné qu’il était commandité par votre coalition. Vous avez néanmoins tenté de défendre l’usage de qualificatifs accolés à un nom, une pratique courante en sondage. Vous saviez cependant qu’il y a des façons de faire pour qu’une telle pratique ne donne pas de résultats biaisés. La formulation retenue, vous ne pouviez l’ignorer, était terriblement biaisée et indigne du Gretsky que vous êtes. Cette question est un exemple parfait de ce que l’on désigne en anglais par « a double-barreled question ». Ainsi, si je réponds « oui » à la première question et « oui » à la seconde, je suis un salaud. Si je réponds « oui » à la première et non à la seconde (ce qui est la plus probable des hypothèses) je devrai être conséquent et me situer contre Bergeron. Si je réponds « non » à la première question me voici informé que le salaud serait Bergeron peu importe ce que je réponds à la seconde question. En prime, si après avoir répondu non à la première question, je réponds « oui » à la seconde, voilà que je suis un salaud-ignorant qui, de surcroit, en appui un autre. Shocking !

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Jacques Nantel enseigne à HEC Montréal depuis 1981. Au sein de HEC Montréal, il fut successivement directeur du service de l'enseignement du marketing, titulaire de la Chaire de commerce de détail Omer DeSerres et directeur des programmes. En 2002, il devient le premier titulaire et fondateur de la Chaire en Commerce Électronique RBC Groupe Financier.

À propos de ce blogue

Jacques Nantel enseigne à HEC Montréal depuis 1981. Au sein de HEC Montréal, il fut successivement directeur du service de l'enseignement du marketing, titulaire de la Chaire de commerce de détail Omer DeSerres et directeur des programmes. En 2002, il devient le premier titulaire et fondateur de la Chaire en Commerce Électronique RBC Groupe Financier. De 2007 à 2012 il a occupé les fonctions de Secrétaire général de cette institution. Jacques Nantel est membre ou a été membre de plusieurs conseils d'administration d’entreprises et d’organismes dont : Groupe Vidéotron, PLB international, Groupe Renaud-Bray, Groupe Pierre Belvédère, Hotels Germain, BMO Advisory Board on Retirement, de l’OACIQ ainsi que de Centraide du Grand Montréal.

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