Est-ce que les autres ont peur de vous?

Publié le 27/09/2011 à 21:23, mis à jour le 30/09/2011 à 14:54

Est-ce que les autres ont peur de vous?

Publié le 27/09/2011 à 21:23, mis à jour le 30/09/2011 à 14:54

[Photo : Marie Gaudreau]

BLOGUE. Il fut un temps où cette question aurait fait sourire bien des boss. À une époque où il suffisait d’exiger et d’être obéi. On n’en est plus là. Mais en lisant les propos rapportés par Olivier Schmouker la semaine dernière dans son blogue à propos de l’événement Human Potential – The next level of competition, une chose m’a frappée : on y parle de l’importance du lien de confiance entre les employés et la marque-employeur, mais jamais on ne mentionne que c’est la responsabilité du gestionnaire de l’employé d'incarner ce lien de confiance. Ce gestionnaire a tout intérêt à se poser la question. Sans rire.

La peur ne contribuera jamais à créer un climat de confiance. La peur nuit à l’esprit de collaboration, à la cohésion d’équipe, elle provoque des réactions contre-productives de défense et de repli, elle alimente des sentiments de frustration et d’injustice qui peuvent facilement contaminer tout un groupe.

Si l’on souhaite inspirer les gens, leur donner confiance en leurs propres moyens tout autant qu’en leur employeur, il vaut la peine de se demander si on ne leur fait pas un peu peur avec nos manières.

J’ai vu des gestionnaires, brillants par ailleurs, se voir écartés des plus hautes fonctions parce qu’ils faisaient peur. S’ils avaient pris conscience de ce fait plus tôt dans leur carrière, ils auraient pu y remédier.

Comment savoir si on a peur de vous? Je vous propose quatre pistes. Un : accepter de vous poser la question, dans un esprit d’ouverture. Deux : observer si vos équipes viennent vous consulter facilement ou si vous êtes toujours la dernière personne à apprendre les mauvaises nouvelles, les pannes, les erreurs. Quand on vous consulte, est-ce parce qu’on a peur de prendre une décision ou bien parce qu’on veut vraiment discuter du problème et des solutions avec vous? 

Est-ce que les employés vous posent des questions sur le pourquoi des décisions que vous leur annoncez? Attention! S’ils ne disent rien, ne concluez pas trop vite qu’ils sont d’accord avec vous. Ils ont peut-être peur de vous poser la question, peur de vous déplaire ou de se faire « remettre à leur place ».

Trois : demander à des personnes en qui vous avez confiance – des pairs, des collaborateurs, des employés – s’ils croient que les gens ont peur de vous. Profitez d'une rencontre individuelle pour le faire et servez-vous d'une situation récente. Par exemple : vous n’avez pas été informé à temps de tel pépin dans la production, pourquoi? Posez des questions ouvertes, c’est-à-dire auxquelles on ne peut pas répondre par un oui ou par un non, et faites sentir que vous êtes prêt à entendre la réponse, quelle qu’elle soit.

Il se peut que vous n’ayez même pas à poser la question. Des gens proches, ou moins faciles à impressionner, vous l’ont peut-être déjà dit : « Tu te rends peut-être pas compte, mais tu fais peur. » « On a l’impression que tu nous trouves pas intelligents. » « La façon dont tu réagis… je me sens tellement nulle… » Il est possible que vous ne cherchiez pas à faire peur, mais il y a quelque chose dans votre comportement qui fait peur. Ce qui m’amène à ma quatrième piste : comment communiquez-vous?

Communiquer, ce n’est pas seulement parler ou écrire. Même quand vous vous taisez, vous communiquez. La façon dont vous vous tenez parmi les gens, votre posture, votre démarche, la façon dont vous ouvrez ou fermez les bras, votre sourire, votre regard…

On peut avoir peur de vous pour diverses raisons : vous parlez fort, vous tapez sur la table en parlant, vous prenez beaucoup de place, vous êtes intense, passionné, vous explosez de manière imprévisible, vous répondez aux arguments avec une logique implacable qui n’admet pas de répartie, vous prenez toujours le lead des rencontres, etc.

Si vous réalisez que vous faites peur, ne désespérez pas. Vous pouvez adoucir les angles, même si cela demande des efforts. Mettez de l’avant les aspects de votre personnalité qui vous rendent plus accessible, préparez vos messages en fonction de votre auditoire plutôt qu’en fonction de vos messages-clés, contrôlez votre fougue, laissez la parole aux autres, souriez… Vous n’y arriverez pas du jour au lendemain, mais vous allez voir rapidement la différence d’impact dans vos communications quand vous les ferez avec l’intention claire de ne pas faire peur, mais plutôt d’inspirer confiance.

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À propos du blogue Gestionnaires inspirants

Ce blogue tire son nom du plus récent ouvrage d’Isabelle Lord, Gestionnaires inspirants : les 10 règles de communication des leaders. Il souhaite éveiller les consciences sur les comportements de gestion et fournir des pistes d’amélioration sous forme de conseils ancrés dans le quotidien des gestionnaires.

Formatrice et coach professionnelle possédant plus de 20 ans d’expérience comme experte et gestionnaire, l’auteure est présidente de Lord Communication managériale. Elle aide les gestionnaires à atteindre leurs objectifs en améliorant leurs habiletés de communication. Conférencière à HEC-Montréal, elle offre aussi des formations sur mesure en entreprise ainsi que des sessions publiques.  

À propos de ce blogue

Isabelle Lord, présidente de Lord Communication managériale, est aussi auteure de plusieurs livres à succès dont «Le courage de dire». Conférencière et coach réputée, Isabelle Lord est reconnue pour son approche pragmatique et stimulante de la communication de gestion. Chaque billet de ce blogue est un instant de réflexion sur vos communications et une source de conseils éclairés et pertinents en mettre en pratique.

Isabelle Lord

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