Pourquoi y a-t-il autant de fonds?


Édition de Mars 2016

Pourquoi y a-t-il autant de fonds?


Édition de Mars 2016

La multiplication des fonds de toutes sortes vise surtout des intérêts commerciaux. Comment y voir clair ?

Que l'on analyse l'industrie des fonds communs de placement (FCP) ou celle des fonds négociés en Bourse (FNB), on constate clairement qu'il y a beaucoup de fonds, probablement beaucoup trop, pourquoi ?

La réponse se trouve dans les pratiques de l'industrie et dans la façon dont les Canadiens investissent. Au Canada, la gestion de patrimoine est une industrie très rentable. Les frais qui y sont facturés figurent parmi les plus élevés du monde. Un tel pactole attire nécessairement plusieurs acteurs.

On peut comprendre que plusieurs institutions financières ont intérêt à gérer leur propre famille de fonds et à profiter de leur réseau de distribution pour conserver les revenus de gestion à même l'institution. Ce simple fait multiplie le nombre de fonds similaires. Mais alors, pourquoi chaque famille de fonds comporte-t-elle autant de fonds ?

Depuis longtemps, les fonds sont vendus aux investisseurs principalement sur la base des rendements passés, bien que la majorité des investisseurs soient sensibilisés au fait que les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Plus il y a de fonds qui disposent de stratégies différentes, plus les rendements différeront d'un fonds à l'autre, et plus il sera facile pour un vendeur de trouver un fonds qui semble intéressant. Aussi, plus il y a de fonds, plus les investisseurs auront aussi du mal à s'y retrouver dans cet univers, et plus ils demanderont l'aide d'un conseiller, ce qui permet de justifier des frais de gestion plus élevés. L'industrie y gagne, mais l'investisseur en sort-il toujours vainqueur ?

Si l'investisseur ne comprend pas bien les raisons fondamentales pour lesquelles un fonds connaît des difficultés, il sera tenté d'en changer pour investir dans le fonds qui a bien performé récemment, car il attribuera ce meilleur rendement à la qualité de la stratégie ou au talent du gestionnaire. Dans les deux cas, il fera probablement fausse route. Il y a beaucoup plus de chance qu'une stratégie ait bien fonctionné, soit à cause d'un environnement économique particulier, soit parce qu'un gestionnaire a été particulièrement fortuné ou parce qu'il a pris des risques accrus durant cette période. C'est ce qui explique que la plupart des fonds de premier quartile sur 5 ans ne font plus partie de ce groupe cinq ans plus tard.

Vendre les fonds les moins performants, se laisser attirer par les rendements des fonds vedettes du moment. C'est une erreur qui malheureusement se reproduit depuis trop longtemps. C'est aussi ce qui explique pourquoi nombre d'investisseurs obtiennent des rendements bien inférieurs à ceux d'un portefeuille bien équilibré qui adopte une stratégie systématique de rééquilibrage entre les différentes catégories d'actif.

L'année 2015 est un bel exemple, car les rendements de la majorité des fonds s'expliquent par une seule variable, le prix du pétrole. La chute du prix du baril a entraîné une baisse des actions canadiennes et la capitulation du dollar canadien. Résultat ? Les fonds d'actions internationales ont bien performé s'ils n'ont pas couvert leur risque de devise, et les fonds d'actions canadiennes ont obtenu de piètres rendements. Attention toutefois, plusieurs fonds d'actions canadiennes comportent souvent une portion importante d'actions étrangères, ce qui peut fausser les comparaisons par rapport aux indices qu'utilisent certains gestionnaires de fonds.

Pour faire des choix éclairés, il devient de plus en plus utile d'avoir recours à un spécialiste du domaine de l'investissement pour obtenir des conseils personnalisés qui tiennent compte de vos intérêts, libres de tout conflit d'intérêts, et qui n'amputent pas votre rendement à long terme à cause de frais trop élevés. Cela peut sembler évident, mais ce n'est pas si simple à trouver lorsque le domaine de l'investissement n'est pas votre champ d'expertise.

Comment justifier des frais élevés

Une technique bien répandue pour justifier des frais de gestion élevés est de mettre l'accent sur le rendement supérieur d'un fonds ou d'une stratégie. Ce n'est pas par hasard que les fonds qui vous sont offerts ont obtenu de bons rendements récemment. Ils ont été judicieusement choisis parmi toute une gamme de fonds. En constatant que le rendement est supérieur à l'indice de référence (après déduction des frais), un investisseur peut être tenté de croire que les frais n'ont pas d'importance. Erreur ! Dites-vous qu'une grande partie des stratégies peuvent être reproduites à très faible coût, et qu'il n'est plus nécessaire de payer des frais de gestion élevés pour s'exposer aux différentes catégories d'actif et aux multiples stratégies d'investissement.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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