Les frais de gestion de votre portefeuille sont-ils justifiés?


Édition de Juin 2023

Les frais de gestion de votre portefeuille sont-ils justifiés?


Édition de Juin 2023

(Photo: 123RF)

Il y a plus de cinq ans, la mise en place du Modèle de relation client-conseiller — Phase 2 (MRCC 2) devait aider les investisseurs à répondre à la question posée en titre. Il y a eu des progrès, mais plusieurs investisseurs n’ont toujours pas le portrait complet et chiffré des frais qu’ils paient pour la gestion de leur placement.

Prenons l’exemple d’un investisseur qui utilise les services d’un conseiller rémunéré à honoraires, généralement selon un pourcentage sur les actifs. Si cet investisseur paie 1 % d’honoraire sur un portefeuille de 200 000 $, il recevra un rapport indiquant avoir payé 2000 $plus taxes pour ces services. Mais si le conseiller utilise pour ce compte des produits financiers qui comportent aussi des frais de gestion tels que des fonds négociés en Bourse (FNB) ou des fonds communs, il n’aura possiblement pas le portrait complet des coûts de ses placements, car il faut additionner les deux sources de frais. Si les fonds utilisés comportent un ratio de frais de gestion (RFG) de 1 %, alors les frais totaux du portefeuille seront de 2,15 % (avec les taxes). C’est très élevé.

Mais pourquoi est-ce si important de connaître les frais totaux ? Après tout, plusieurs conseillers vont essayer de vous convaincre que ce sont les rendements nets de frais qui sont plus importants. C’est vrai, mais c’est aussi très difficile de générer des rendements nets de frais plus élevés que les grands indices boursiers et obligataires sur une longue période avec un niveau de risque similaire.

Selon l’étude SPIVA Canada Scorecard pour l’année 2022 publiée récemment, moins de 10% des gestionnaires de fonds de titres de grandes capitalisations ont battu les grands indices boursiers au cours des cinq dernières années. Ces résultats sont similaires depuis plus de 15 ans dans plusieurs pays, pas seulement au Canada. Les rendements de la gestion indicielle sont difficiles à battre… depuis longtemps et pour la majorité des classes d’actifs ! Ainsi, pour justifier de payer des frais élevés, il faut être en mesure de choisir les fonds qui vont battre les indices dans l’avenir. Ce qui ne veut pas dire choisir les fonds qui ont battu ces mêmes indices dans le passé. La distinction est importante, car il y a peu de persistance sur la capacité d’un fonds à battre un indice sur une longue période. Ce détail est trop souvent ignoré lors de la sélection des fonds qui feront partie du portefeuille d’un client.

Pour en savoir plus sur la gestion indicielle et la difficulté de battre les grands indices de marchés, je vous invite à lire le livre De zéro à millionnaire: Investir en Bourse sans souffrir, de Nicolas Bérubé, publié l’année dernière. Ce qui nous amène à l’autre extrême en matière de frais de gestion, à savoir la gestion autonome avec un courtier à escompte. C’est l’approche qui permet de réduire les frais de gestion au minimum.

En conservant l’idée de la gestion indicielle afin de réduire la volatilité et de pro-fiter d’un portefeuille diversifié, il est possible depuis plusieurs années d’investir soi-même dans des FNB tout-en-un qui offrent l’équivalent d’un portefeuille équilibré (ou tout autre profil de risque selon le FNB sélectionné) à très faible coût. Ainsi, des FNB comme le Vanguard Portefeuille FNB équilibré (VBAL, 27,84 $) ou le iShares Core Balanced ETF Portfolio (XBAL, 25,27 $) offrent une exposition cible de 60 % d’actions et de 40 % de titres à revenu fixe pour des frais inférieurs à 0,25 %. L’écart de frais sur un portefeuille de 200 000 $à 2,15 % par rapport à 0,25 % représente 3800 $d’économies par année ou encore 9500 $sur un portefeuille de 500 000 $. À première vue, la gestion autonome avec un FNB tout-en-un peut sembler la solution idéale, mais ce n’est probablement pas le cas pour la majorité des investisseurs. Pourquoi ? Tout d’abord, les FNB tout-en-un sont généralement de bons produits, mais ils comportent aussi plusieurs lacunes, tant en matière de diversification, de rééquilibrage que de fiscalité. Si ces lacunes peuvent être minimisées à coût raisonnable par une sélection judicieuse de FNB individuels, ces FNB tout-en-un ne sont alors pas les meilleures solutions de placements.

Ensuite, la gestion autonome se pratique généralement sans aucun conseil. Or, il est bien documenté que les investisseurs qui profitent de conseils d’un professionnel évitent de faire de nombreuses erreurs coûteuses. Il faut alors se demander quelle est la valeur de ces conseils. Comme pour tout service, c’est à l’investisseur de comparer les offres et de choisir la solution qui lui convient en fonction de ses besoins, et ce, au plus faible coût possible.

Dans l’industrie, les frais de gestion diminuent généralement avec le montant d’actifs à gérer. Ainsi, si vous cherchez une solution de gestion de portefeuille majoritairement indicielle, j’estime que vous ne devriez pas payer des frais totaux de plus de 1 % (taxes incluses) pour un portefeuille allant jusqu’à 500 000 $, et 0,75 % pour un portefeuille plus important. Après tout, chaque montant économisé en frais continuera de fructifier année après année à votre bénéfice !

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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