Les FNB conseillers en voie de disparition

Publié le 10/02/2017 à 08:36

Les FNB conseillers en voie de disparition

Publié le 10/02/2017 à 08:36

Une nouvelle est passée un peu inaperçue à la fin de 2016. Le gestionnaire de fonds négociés en bourse Horizons ETF Management a annoncé qu’il mettrait fin à sa classe de FNB « conseillers » qui versent une commission de suivi aux conseillers financiers qui l’achètent pour leurs clients. Ces FNB sont identifiés par un .A (ou .V) après leur symbole boursier et versent une commission variant généralement de 0.5% à 0.75% au conseiller, de la même façon qu’un fonds commun de placement peut verser une commission au conseiller.

Horizons devient le premier des quatre fournisseurs canadiens offrant cette option à annoncer l’abandon de ce type de FNB. Une des raisons citées pour cet abandon est le fait que la réglementation favorise dorénavant une plus grande divulgation des frais et que de moins en moins de conseillers seront rémunérés par commission à l’avenir.

Cette nouvelle n’est pas surprenante puisqu’elle faisait partie d’une de mes prévisions FNB pour 2016, toutefois la nouvelle est tombée après la publication de mon dernier billet en 2016 et je n’ai pu en discuter dans mon billet Retour sur les prévisions FNB de 2016.

Les autorités règlementaires canadiennes étudient actuellement, par le biais de consultation pancanadienne, la possibilité de bannir les commissions de suivi. L’annonce de ces consultations a déjà porté fruit et a induit un vent de changement dans l’industrie en 2016, comme un nombre record de réductions des frais de gestion des fonds communs au Canada.

Le changement le plus marquant a toutefois été l’abolition par plusieurs gestionnaires de fonds de la pratique de vente de fonds communs avec frais de sortie (FDS ou FR-frais de rachat ou FAR- frais d’acquisition reportés ou DSC-deferred sales charge).

Comme son nom l’indique, les fonds vendus avec une option de frais de sortie pénalisent l’investisseur qui souhaite vendre son fonds avant un certain nombre d’années, souvent 7 ans. Les pénalités peuvent débuter, par exemple, à 5.5% si le fonds est vendu dans la première année de détention, et cette pénalité diminue graduellement jusqu’à 0% à la septième année.

Le hic, c’est que le même fonds est presque toujours disponible avec une option sans frais de sortie. Il ne coute pas plus cher et détient exactement les mêmes titres. Pourquoi alors des fonds avec frais de sortie sont-ils vendus?

La principale justification en est une de rémunération pour le conseiller. Avec un fonds avec frais de sortie, le gestionnaire sait qu’il conservera les actifs pendant plusieurs années (ou sera dédommagé via les pénalités de sorties), il est donc prêt à verser une commission plus élevée au conseiller lors de la transaction initiale. Cette commission initiale est souvent de 5%. Par la suite, le conseiller reçoit une commission de suivi plus faible, généralement 0.5%, au lieu du 1% qu’il aurait reçu avec un fonds sans pénalité. Avec les fonds à frais de sortie, le conseiller et le gestionnaire sont avantagés, et c’est l’investisseur qui est le seul pénalisé.

Certains intervenants justifient l’utilisation de fonds avec frais de sortie en indiquant qu’un conseiller qui débute dans l’industrie ne pourrait générer suffisamment de revenus dans les premières années avec les seules commissions de suivi de base. À mon avis, cet argument ne tient pas la route. C’est comme si on vous proposait d’acheter un bien selon deux options, soit vous l’acheter et vous pouvez le retourner sans pénalité, soit vous acheter le même bien, mais si vous changez d’idée il y aura des pénalités de retour. Je ne connais personne qui choisirait la deuxième option consciemment simplement pour faire plaisir au vendeur qui recevrait alors une commission plus élevée sur la vente. 

N’hésitez pas à m’écrire si vous aimeriez que j’aborde un sujet particulier dans ce blogue.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). « Les FNB démystifiés » est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada. Suivez-nous aussi sur Twitter et facebook.

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Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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