L'art de répartir ses oeufs


Édition de Avril 2014

L'art de répartir ses oeufs


Édition de Avril 2014

Les investisseurs négligent souvent de diversifier leur portefeuille. Associée au rééquilibrage, la diversification augmente le rendement et réduit le risque.

Les investisseurs canadiens se concentrent souvent sur les actions canadiennes, car c'est le marché qu'ils connaissent le mieux. Je vois régulièrement des portefeuilles d'une vingtaine de titres composés d'une majorité d'actions canadiennes, et qui contiennent parfois quelques titres américains. Bien que la fiscalité des dividendes de sociétés canadiennes soit un avantage, il ne faut pas oublier que le marché canadien est concentré dans quelques secteurs, et que la capitalisation boursière canadienne représente moins de 5 % de la capitalisation boursière mondiale. Les titres d'un même secteur sont souvent très corrélés entre eux, c'est-à-dire que les rendements évoluent presque toujours dans la même direction. Cela peut entraîner de mauvaises surprises, surtout lorsqu'un portefeuille comporte des titres similaires, comme plusieurs banques canadiennes.

Un portefeuille qui comporte 20 titres dans différents secteurs et régions géographiques sera généralement mieux diversifié qu'un portefeuille de 40 titres canadiens. Les investisseurs ont donc avantage à profiter d'une diversification à l'international, mais combien de titres choisir ? La réponse dépend principalement des frais de transactions et du temps requis pour bien suivre son portefeuille, car négocier des titres à l'international peut s'avérer très coûteux. La solution que je privilégie est d'utiliser un portefeuille de quelques fonds négociés en Bourse (FNB) qui pourra facilement compter quelques milliers de titres sous-jacents, mais qui nécessitera seulement quelques transactions. Un investisseur peut aussi très bien décider de gérer lui-même son portefeuille de titres canadiens et d'opter pour quelques FNB internationaux.

Les obligations

La diversification en matière de titres individuels est évidemment importante, mais la diversification au niveau des catégories d'actif l'est encore plus. Il y a tout un débat actuellement sur la pertinence d'inclure des obligations dans un portefeuille. Certains gestionnaires affirment qu'il est préférable d'être investi à 100 % en actions lorsque le profil de l'investisseur le permet, car le rendement espéré actuel des obligations est faible, et la prime de risque des actions (et donc le rendement à long terme) est plus élevée. Ces deux arguments sont valables, mais cette vision du placement omet de prendre en considération les avantages de la diversification et du rééquilibrage systématique d'un portefeuille, deux aspects indissociables d'une saine gestion de portefeuille à long terme.

Le rééquilibrage

Au Canada, de 1974 à 2013, un portefeuille d'obligations a généré un rendement de 8,7 %, et un portefeuille d'actions, 9,6 %. Un portefeuille investi à 50 % d'actions et 50 % d'obligations et qui n'aurait pas été rééquilibré aurait donc donné un rendement de 9,2 %. Ce qui est intéressant, c'est de savoir que le même portefeuille rééquilibré (rendement à 50/50) chaque année aurait aussi généré un rendement de 9,6 %, soit l'équivalent du portefeuille 100 % actions, mais avec un niveau de risque nettement inférieur. Ce n'est pas intuitif, mais cela illustre bien toute l'importance d'investir dans plusieurs catégories d'actif faiblement corrélées.

Évidemment, on ne peut s'attendre à ce qu'un portefeuille d'obligations génère des rendements aussi élevés au cours des prochaines années. Même chose pour un portefeuille d'actions. 2013 a été une année exceptionnelle, et 10 % de rendement annuel n'est plus un objectif réaliste dans le contexte économique actuel. Cependant, à long terme les effets de la diversification demeurent, et ils permettront d'obtenir de meilleurs rendements tout en limitant le risque, ou les variations de valeur, de votre portefeuille.

 

5% - Le marché canadien est concentré dans quelques secteurs, et sa capitalisation boursière représente moins de 5 % de la capitalisation boursière mondiale.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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