Des frais qui grugent la moitié du rendement


Édition de Novembre 2015

Des frais qui grugent la moitié du rendement


Édition de Novembre 2015

Dans un contexte de faible rendement, il est important d'éviter les frais de gestion élevés.

Le contexte économique actuel caractérisé par une faible croissance mondiale et des taux d'intérêt historiquement bas fait en sorte que les rendements futurs seront fort probablement plus faibles que les rendements passés. Quel est l'impact de cette nouvelle réalité quand on prend en considération les frais de gestion facturés par les différents intervenants financiers ? La réponse est pour le moins surprenante. Voici une analyse qui se base sur les projections de rendements à long terme publiées en 2015 par l'Institut québécois de planification financière (IQPF).

Selon les projections de l'IQPF, un portefeuille équilibré a une espérance de rendement de 5,05 % avant frais. Sur 25 ans, un placement de 100 000 dollars qui ne comporte aucuns frais vaudrait alors 342 690 dollars. En utilisant les frais de gestion moyens du scénario de l'IQPF, soit 1,8 % par an, le même portefeuille dans 25 ans ne vaudrait que 222 460 dollars. Ainsi, les frais auraient grugé 50 % du rendement potentiel du portefeuille en 25 ans. Sur 30 ans, le pourcentage monte à 52 %. Plus le temps passe, plus les frais ont un impact important sur l'épargne accumulée.

Cet exemple est un scénario de base, mais de nombreux investisseurs sont, sans nécessairement en être conscients, dans une situation encore plus catastrophique. Voici quelques exemples.

Exemple d'un fonds commun de placement à frais élevés

Si vous détenez un fonds commun de placement d'actions canadiennes, le rendement espéré avant frais (selon l'IQPF) est de l'ordre de 6,3 % par an. Si ce fonds est gourmand et comporte un ratio de frais de gestion de 2,8 %, les frais auront grugé 62 % du rendement potentiel sur 25 ans, et plus de 65 % sur 30 ans. Enfin, certains fonds, notamment les fonds distincts, comportent des frais nettement supérieurs à 3 %. Bien qu'ils offrent certaines garanties, la probabilité que cette garantie des fonds distincts soit utile et justifie des frais aussi élevés est très faible.

Exemple pour les retraités

Nombreux sont les retraités qui recherchent un portefeuille peu risqué. Si vous détenez un portefeuille d'obligations peu risquées dont les échéances sont inférieures à 5 ans, votre rendement espéré annuel avant frais est probablement inférieur à 1,2 % et même potentiellement inférieur à 1 % (faites le calcul vous serez surpris !), et ce, même si vos obligations vous versent des coupons élevés. Si votre institution financière vous facture des honoraires de 1,2 % ou plus, votre rendement espéré est négatif ! Si c'est votre cas, vous perdez de l'argent à investir, et c'est sans compter l'effet négatif de l'impôt et de l'inflation sur la valeur de vos placements.

Prendre action

Plusieurs investisseurs ont une relation qui dure depuis plusieurs années avec un conseiller financier, un courtier de plein exercice ou une famille de fonds communs de placement. Lorsque les rendements attendus étaient nettement supérieurs aux frais facturés, peu d'investisseurs se préoccupaient des frais de gestion. Dans le contexte actuel, où les attentes de rendement sont revues à la baisse, il apparait judicieux de ne pas accepter le statu quo et d'être proactif dans la quête d'une gestion de portefeuille à plus faible coût. Mais attention, il n'y a pas que les frais qui comptent ! Une bonne diversification, une approche systématique de gestion et le choix de titres appropriés à votre situation sont tous des facteurs essentiels à la réussite d'un portefeuille à long terme.

LES TEMPS CHANGENT

Il y a 25 ans, les obligations gouvernementales canadiennes 5 ans offraient un rendement de plus de 10 %. Des frais de 1,2 % grugeaient alors 17 % du rendement potentiel sur 10 ans. Aujourd'hui, le même niveau de frais engloutit plus de 100 % du rendement potentiel !

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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