Parlons-en mieux

Offert par Les Affaires


Édition du 05 Avril 2014

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Édition du 05 Avril 2014

Vous feriez bien de vous y faire. Le transfert d'entreprises, nous allons vous en parler et vous en reparler. Vous trouvez cela ennuyant ? Vous avez l'impression qu'on vous rabâche la même rengaine?

Vous n'avez pas tout à fait tort, et c'est le drame de cet enjeu. Il est crucial pour l'avenir de l'entrepreneuriat au Québec - il manquera 38 000 entrepreneurs d'ici 2020 pour prendre la relève de nos 244 112 PME -, mais il ne frappe pas l'imaginaire.

Pourquoi ? L'an passé, j'avais demandé à un groupe d'étudiants de définir l'entrepreneuriat. L'un d'entre eux m'avait répondu : «Dire que tu vas reprendre la firme de telle famille, ça ne sonne pas bâtisseur de demain, pourtant ça l'est tout autant !» Tellement juste. Autrement dit, prendre la relève d'une PME, ce n'est pas assez excitant, du moins aux yeux des plus jeunes. Beaucoup moins glamour que de lancer une start-up.

Ce n'est pas tout. «Les jeunes regardent leurs parents et se disent : ça ne me tente pas de travailler comme eux !» m'a raconté Martin Deschênes.

Le président et chef de la direction du Groupe Deschênes, un distributeur-grossiste de matériaux de plomberie et de chauffage, a pris la relève de son père en 2000. Il ne l'a pas trouvé facile. «Ce qui est tough, c'est surtout avant la relève, souligne-t-il, car tu es jugé constamment.»

Le dirigeant qui doit céder sa place met aussi souvent trop de temps à entamer un processus de relève, selon M. Deschênes. «Il hésite toujours à cause du lien émotif.» Il se demande constamment, est-ce que mon fils, ou ma fille, est le meilleur ou pas?

L'aide extérieure est primordiale, croit le dirigeant de 53 ans. Lorsqu'il a pris les rênes de l'entreprise familiale, M. Deschênes a fait appel à une sorte de coach qui est venu l'aider dans son quotidien pour, dit-il, «neutraliser» les émotions. «Il intervenait au besoin entre mon père et moi, et s'assurait que je mettais l'énergie à la bonne place.»

Le résultat est concluant. Les revenus du Groupe Deschênes sont passés de 225 M$ en 2000 à plus de 600 M$ aujourd'hui. L'entreprise établie à Montréal emploie 1 500 personnes. Comme quoi, il y a de belles histoires de transfert d'entreprises. À nous de les raconter et de démontrer que, prendre la relève d'une entreprise, c'est aussi de l'entrepreneuriat. Et pas à peu près.

Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
geraldine.martin@tc.tc

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