Juste des AAA

Offert par Les Affaires


Édition du 27 Septembre 2014

Juste des AAA

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Édition du 27 Septembre 2014

Ce n'était pas vraiment drôle, mais Jean-René Halde nous a tous fait sourire. Le président et chef de la direction de la Banque de développement du Canada (BDC) participait la semaine dernière à un panel dans le cadre du Congrès annuel de l'Institut des administrateurs de sociétés. Beaucoup trop d'entreprises se contentent d'un «profit acceptable», a-t-il déploré devant 600 délégués réunis au Palais des congrès de Montréal : «Ces entrepreneurs sont heureux et ne veulent pas investir davantage. Ils restent dans une zone "juste confortable"». Pour illustrer son propos, M. Halde a lâché ses notes pour nous conter une petite histoire. «Vous savez, dit-il, nous avons une sorte de blague à la BDC. Lorsqu'une entreprise atteint cette zone juste confortable, on dit "encore une qui a atteint son BBB !"» Devant l'air incrédule des participants, il a poursuivi : «Oui, BBB pour... Boat, BMW et Beach !» La salle s'est esclaffée, mais le propos est révélateur d'une triste réalité : nos entrepreneurs se satisfont de trop peu. Dès qu'ils obtiennent un niveau de vie confortable, l'ambition n'est plus la même. Vrai pour certains. Pas pour tous. La vie d'un entrepreneur n'est pas de tout repos. Il est humain de penser que le dirigeant souhaite prendre une pause ou ne plus entendre parler de gestion du risque.

Et s'il s'organisait autrement ? Le panel sur lequel intervenait M. Halde a amené d'autres points intéressants. Seulement 6 % des petites et moyennes entreprises canadiennes ont un comité consultatif, a-t-il souligné. À quoi sert ce comité ? Justement, à amener autour de la table des experts ayant de nouveaux points de vue à venir bousculer les dirigeants, avec l'objectif de faire grandir l'entreprise. Dans ce comité - ou conseil d'administration pour les plus grandes entreprises -, il est important de retrouver des gens qui sont capables d'innover et qui n'ont pas peur de brasser la cage. «Si le conseil ne joue pas un rôle fort d'innovation, il ne fait pas sa job», a rappelé Alexandre Taillefer, associé principal de XPND Capital. «Il faut être obsédé par l'innovation», a insisté pour sa part Bertrand Cesvet, président du conseil de l'agence Sid Lee.

Cette obsession devrait être l'apanage de toutes les organisations, car il est bon de toujours compter sur soi-même avant tout. Gardez en tête que l'aide accordée aux entreprises ne sera plus la même. Jacques Daoust et Gaétan Morin vous en donnent un avant-goût cette semaine, alors que les commissions sur la fiscalité et la révision des programmes se mettent en branle. De toute manière, si on ne veut plus voir de «BBB», les aides accordées ne suffisent pas. Ça prend de l'Audace, de l'Ambition, de l'Action... pour faire de nos entreprises des «AAA».

Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
geraldine.martin@tc.tc

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