Le 30 octobre se tenait le 13e gala du Prix Femmes d'affaires du Québec, organisé par le Réseau des Femmes d'affaires du Québec (RFAQ). Environ 800 personnes étaient réunies au Hilton Bonaventure pour célébrer l'entrepreneuriat au féminin. Invitée à commenter son prix, l'une des gagnantes m'a particulièrement interpelée. «Et nous fabriquons toujours au Québec !» a-t-elle lancé au micro, en insistant sur le «toujours».

Cette lauréate, c'est Chantal Lévesque, fondatrice et designer du fabricant de maillots de bain Shan. L'entreprise établie à Laval exploite sa seule et unique usine... à Laval.

«J'adore mon usine, mais c'est très difficile», m'a confié Mme Lévesque. Pourquoi ? «La main-d'oeuvre, lâche-t-elle. C'est très demandant. Toute mon énergie est au niveau des ressources humaines pour former et garder mes employés.» Comme beaucoup de fabricants québécois, Mme Lévesque peine à recruter. «On a beaucoup d'étudiants en design, mais trop peu en production», déplore-t-elle.

Son travail au quotidien : démystifier le travail en usine. Il n'y a pas de stress, ce n'est pas un travail à la chaîne, nous avons juste besoin de bonnes petites mains, explique-t-elle, en faisant allusion au travail des couturières.

Si c'est si difficile, pourquoi ne pas produire en Asie ? «Je ne suis jamais allée voir, et je ne veux pas !» rétorque-t-elle, sur un ton légèrement révolté, en démontrant du même coup tout son attachement au Québec.

Mme Lévesque persiste, et ça paie. L'entrepreneure est repartie du gala avec l'un des dix prix remis par le RFAQ, le prix Entrepreneure active à l'international. Shan, qui réalise de 10 à 15 millions de dollars de revenus annuels, génère 70 % de ceux-ci à l'extérieur du Québec. Elle songe à ouvrir des boutiques aux États-Unis (elle en a déjà une à Miami) et au Mexique.

Comme quoi, rayonner à l'international tout en produisant ici, c'est encore possible... à condition de le vouloir.

Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
geraldine.martin@tc.tc