
Gilbert Rozon. (Photo: Jérôme Lavallée)
Gilbert Rozon est un habitué des tribunes. Celle-ci était toutefois différente. C'était à Lyon, en novembre dernier, à l'école de gestion EMLYON. Une rencontre organisée par le Centre Jacques Cartier, chargé de faire la promotion des échanges économiques entre Montréal et Lyon.
La conférence ne portait pas vraiment sur le Festival Juste pour rire et les multiples projets de M. Rozon, mais plutôt sur l'entrepreneur à l'origine de l'expansion de la marque qui est aujourd'hui une réussite internationale.
Pendant plus d'une heure, M. Rozon a parlé de leadership. À sa manière, évidemment. Sur un ton direct, avec une petite touche d'humour : «Un leader reçoit toute l'information et il doit trancher. Quand tu deviens trop influençable, t'es plus un décideur, t'es une firme de sondage !» a-t-il expliqué en faisant sourire son auditoire.
Cela dit, il n'est pas facile d'être un bon leader, reconnaît l'homme d'affaires, qui a raconté avoir traversé des périodes de doute. «Quand je me trompe, le pire n'est pas de perdre de l'argent, dit-il. Le pire, c'est que tu perds confiance en toi. Tu perds la force de ton pif.» Il faut alors se reconstruire, s'accrocher et être patient.
M. Rozon préfère d'ailleurs le succès qui s'acquiert lentement. «Ça prend 10 ans avant d'être bon. En général, le travail, c'est utile», affirme-t-il avec un brin d'ironie en rappelant que, «faire» des heures, c'est plutôt bon, car tu apprends toujours. Quand on lui demandera quelle est sa définition de l'entrepreneuriat, il répondra d'ailleurs : «Entreprendre, c'est avoir la foi et... fouiller». Bref, persévérer.
Dix ans, c'est aussi le temps qu'aura mis l'entreprise québécoise Rudsak - bien connue dans le milieu de la mode - pour sortir du Québec. Et 10 ans de plus pour sortir du Canada, ce qu'elle s'apprête à faire aujourd'hui sous l'égide de son président Evik Asatoorian. À la une du journal Les Affaires cette semaine, l'homme d'affaires coloré, habitué des tribunes fashion, se livre pour la toute première fois à la presse économique.
Un an, cinq ans, dix ans ou plus pour se tourner vers l'international. À chacun son approche. À chacun son moment propice. L'important est de ne pas se contenter de petit. Les entreprises ont toutefois un atout de taille actuellement : la devise canadienne est si faible qu'elle rend nos produits extrêmement attrayants à l'étranger. Petit baume réconfortant. Quand on pense à la baisse du huard lorsqu'on part l'étranger ou tout simplement lorsqu'on va au supermarché acheter des fruits et des légumes, c'est moins drôle. Mais ça, c'est une autre histoire.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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