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J'aime bien demander aux dirigeants que je rencontre ce qu'ils pensent du journal Les Affaires et ce qu'ils aimeraient y trouver. J'ai récemment posé la question au patron d'une PME qui m'a répondu qu'il aimerait y lire plus souvent... l'avenir. Cela m'a fait sourire. Son commentaire était toutefois très sérieux et très pertinent. J'ai compris qu'il aimait les sujets de fond réalisés à partir d'études, mais attention, pas n'importe lesquelles. En général, les études se basent sur des données historiques. On compile des chiffres, on les analyse et on explique... le passé. «Je préfère m'intéresser à l'avenir», m'a-t-il résumé. En fait, il s'intéresse particulièrement aux études qui mettent de l'avant des intentions. Autrement dit, des sondages qui sont des sortes d'indicateurs précurseurs qui aident cet entrepreneur à prendre des décisions.
Ce dirigeant sera particulièrement heureux cette semaine, puisque nous dévoilons une étude sur les intentions des recruteurs québécois, réalisée pour la première fois en partenariat avec l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Cette recherche montre que les recruteurs sont en mode embauche, même si l'économie est morose. Évidemment, ils pourront changer d'avis en cours d'année, mais on peut au moins dire qu'il y a de l'optimisme dans l'air.
Fait particulièrement intéressant, les recruteurs jouent à fond la carte de la marque employeur. Pour eux, la qualité première recherchée chez un candidat est son adhésion aux valeurs de l'entreprise. Cette qualité précède les compétences. C'est plutôt de bon augure. Un employé peut avoir les meilleures compétences du monde, mais s'il n'adhère pas à la culture de l'entreprise, il ne s'intégrera jamais. Il aura perdu son temps, l'entreprise aussi.
Il n'est toutefois pas facile de trouver la perle rare. Et c'est là tout le problème du marché du travail, comme l'a largement souligné le ministre des Finances du Québec, le 25 janvier. Carlos Leitao était à la tribune de la Chambre de commerce et d'industrie française au Canada. D'un côté, les entreprises crient à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. De l'autre, le taux de chômage au Québec (7,8 %) est relativement élevé (7,1 % au Canada), a-t-il rappelé. Paradoxe fatiguant.
Pour résoudre ce problème, le gouvernement souhaite investir davantage dans le secteur de l'éducation en visant un objectif précis : investir dans l'éducation pour améliorer l'adéquation entre les compétences des futurs travailleurs et les besoins des employeurs, a expliqué M. Leitao. Belle intention. Vivement le prochain budget pour voir comment celle-ci se concrétisera.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
geraldine.martin@tc.tc
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