Biais cognitif, quand tu nous tiens

Publié le 18/08/2021 à 13:00

Biais cognitif, quand tu nous tiens

Publié le 18/08/2021 à 13:00

Une femme est déçue devant son ordinateur au bureau

Les biais inconscients continuent encore de polluer le marché du travail. (Photo: Magnet.me pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Une compagnie de taxi qui octroie les quarts de travail de nuit uniquement aux hommes. Une étudiante étrangère avec de l’expérience en restauration dont on ne regarde même pas la candidature pour être hôtesse au casse-croûte du coin. Un homme d’un certain âge à la recherche d’un nouvel emploi à qui on n’offre pas d’entrevue sous prétexte qu’il ne doit plus avoir «l’énergie recherchée». Un patron qui offre une promotion à son employé préféré. Vous trouvez cela inquiétant ? Tant mieux! Vous êtes sur la bonne voie.

La réalité est que, peu importe les intentions derrière ces choix, les biais inconscients continuent encore de polluer le marché du travail. 

À (re)lire: Les préjugés inconscients affligent aussi les entreprises

Que ce soient des préjugés sexistes, culturels, religieux, ethniques ou en lien avec l’âge, ces biais découlent de l’association automatique que fait le cerveau lorsqu’il est confronté à un profil, une situation, ou à un groupe d’individus. À titre d’exemple, la tendance populaire à qualifier d’impatiente ou agressive une femme qui adopte un comportement autoritaire ou ferme, alors qu’on dirait d’un homme qu’il est sûr de lui.

Ces mécanismes de pensées trompeurs font partie de notre identité. Ils proviennent de nos expériences personnelles, de l’opinion d’autrui, d’institutions, des réseaux sociaux, des coutumes. Personne n’est à l’abri. Et ils ont infiltré toutes les dimensions liées au travail. En fait, ces biais cognitifs se produisent à chaque fois que le cerveau doit penser et prendre une décision, et le monde du travail est une suite infinie de décisions.

 

Et tout devient beige

Les conséquences négatives qui en découlent sont nombreuses, à commencer par l’exclusion sans motif valable et parfois même discriminatoire de l’individu concerné, mais il y a plus. Un environnement de travail empreint de biais sera un environnement uniforme. Placer des groupes de personnes dans des catégories distinctes met un frein aux nouvelles idées et à l’innovation. Quand tout devient beige, impossible de progresser et de faire la place à la diversité.

Malheureusement, certains biais et stéréotypes sont si ancrés dans les mentalités et notre cerveau que la loi ne suffit pas pour les combattre. Il faut alors prendre une série de mesures afin de briser ces idées préconçues et conscientiser tout un chacun.

Il est donc primordial d’être en mesure de reconnaître ces biais et prendre les actions nécessaires pour les éviter. Dans le scénario inverse, c’est l’environnement de travail et la culture d’entreprise en entier qui sont affectés, des relations entre employés jusqu’à celles avec les clients et partenaires.

 

S’outiller

Il existe une variété d’outils pour travailler sur nos biais inconscients. En voici quelques-uns:

 

  • Sensibilisation et formation: comprendre ce qui se passe dans notre cerveau est un bon point de départ pour lutter contre le phénomène. De nombreux outils et formations sont offerts en ligne (et souvent gratuitement si on cherche un peu !), nous n’avons donc aucune excuse pour ne pas sensibiliser nos employés et offrir de la formation pertinente sur le sujet.
  • Travailler sa culture d’entreprise en valorisant la diversité et l’inclusion, et un dialogue ouvert.
  • Mise en place d’un groupe de travail pour engager la discussion sur la question.
  • Mesurer, analyser et s’ajuster: créer des statistiques et fixer des cibles là où des écarts sont notables en termes de diversité.
  • Assainir son processus de recrutement, et ce, de l’affichage à l’embauche en passant par l’entrevue. Par exemple: candidatures anonymes et exemptes de données pouvant créer un biais; éliminer les questions biaisées en entrevue; confier aux ressources humaines ou à une firme externe certains aspects de votre recrutement; innover et recourir à l’intelligence artificielle !
  • Évaluer régulièrement la situation: les choses bougent rapidement dans un environnement de travail. Revoir les mesures mises en place et les corriger si nécessaire assurent que la situation ne régresse pas.

 

 

Favoriser l’introspection 

L’introspection est un des piliers du développement professionnel. Il s’agit d’un excellent exercice qui consiste à observer ses propres sentiments et motivations dans le but d’entraîner notre cerveau à identifier la source de nos biais inconscients. Cela implique également de se poser les bonnes questions pour se distancer de nos biais cognitifs. Ces questionnements, et surtout les réflexions qu’ils entraîneront, permettront de mieux faire la part des choses, d’identifier nos croyances préconçues et de se forger un esprit critique. La prise de conscience est une avancée sociétale !

Surtout, ne vous découragez pas. Les biais inconscients font partie de la nature humaine. C’est en reconnaissant leur existence que nous pouvons amorcer le changement.

La période estivale tire à sa fin (malheureusement !), profitons des quelques semaines qu’il en reste pour réfléchir à cet enjeu et développer un plan pour s’y attaquer dès la rentrée, question de débuter l’automne du bon pied.

 

Merci à Jeanne Baril, étudiante en droit chez Resolys, pour son aide précieuse dans la rédaction de ce billet de blogue

 

 

À propos de ce blogue

Inspiré de l’actualité ou encore pour partager meilleures pratiques et réflexions en la matière, le blogue Bienveillance au boulot traitera de sujets liés au climat et aux relations en milieu de travail. Je souhaite aborder le sujet sous l’angle de la prévention, de la stratégie d’entreprise, des ressources humaines ou des implications juridiques selon le contenu. J’envisage aussi une collaboration pour certains articles et répondre de temps en temps à la question d’un lecteur.

Geneviève Desmarais