Yellow Media: monsieur Tellier devra partir

Publié le 24/07/2012 à 09:16, mis à jour le 24/07/2012 à 13:46

Yellow Media: monsieur Tellier devra partir

Publié le 24/07/2012 à 09:16, mis à jour le 24/07/2012 à 13:46

Marc Tellier. [Photo : LesAffaires.com]

BLOGUE. Yellow Media restructure finalement son capital. Les actionnaires perdent à peu près toute leur mise, certains créanciers aussi. On tentera de relancer l'entreprise grâce à un niveau de dette nettement moindre. Question: Marc Tellier peut-il encore vraiment présider la tentative de relance?

La restructuration est sans doute ce qu'il convenait de faire. Yellow Media aurait peut-être pu poursuivre encore ses activités, mais son niveau de dette était tel (dans le contexte d'un marché en fort déclin) qu'elle n'avait plus suffisamment d'espace financier pour se lancer dans une réorientation de ses activités, ou encore dans une consolidation de celles-ci avec quelques investissements clefs.

La restructuration devrait lui permettre de ramener son niveau d'endettement de 3,2 fois le bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA) à 1,4 fois. Ce qui lui procurera nettement plus d'agilité.

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En même temps qu'elle modifie sa structure financière, Yellow modifie aussi celle de son conseil d'administration. Le chef de direction Marc Tellier aura un siège au nouveau conseil et au moins deux membres du conseil actuel y seront reconduits. Il pourrait donc y avoir à la fin septembre cinq ou six nouveaux administrateurs autour de la table.

En théorie, le poste de monsieur Tellier semble assuré. On parierait le contraire. Et voici pourquoi.

Nouvelle baisse de crédibilité

La direction de l'entreprise a fait lundi un faux pas.

La proposition de restructuration prévoit que pour chaque tranche de 1000$, ses détenteurs de débentures convertibles (200 M$, non garantis) auront droit à 0,625 de nouvelles actions ordinaires. Au même moment, calcule un analyste, elle accorde 2,5 actions à ses actionnaires privilégiés.

C'est un non sens. Les règles juridiques veulent que les créanciers passent avant les actionnaires. Comment peut-on récompenser les actionnaires privilégiés davantage que les créanciers? Ce n'est pas équitable.

Il n'est pas du tout certain que la somme en cause amènera les détenteurs de débentures à attaquer la proposition en cour, mais il fallait entendre la colère de certains lors de la conférence téléphonique.

Un jour, Yellow Media pourrait devoir retourner sur le marché pour se financer. De pareilles entorses aux pratiques courantes ne seront pas pour aider à obtenir les montants ou les taux d'intérêt souhaités. Plusieurs pourraient être hésitants à refaire affaires avec l'entreprise parce que preuve est faîte qu'elle ne suit pas le livre.

Ce n'est pas la seule situation embarrassante

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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