Stratégie économique du Québec: que de confusion

Publié le 14/04/2016 à 18:17

Stratégie économique du Québec: que de confusion

Publié le 14/04/2016 à 18:17

C'est un tweet d'un confrère qui a d'abord attiré notre attention. "Québec déposera demain sa nouvelle politique économique".

-Ah oui, comment se fait-il qu'il n'y ait eu aucune convocation de presse pour un événement si important?, se demande-t-on, mercredi, en soirée.

Jeudi matin, une convocation tombe et précise que la ministre de l'économie, Dominique Anglade, donnera un point de presse après la période des questions sur "des documents stratégiques du ministère".

-Décidément! Comment les journalistes économiques de Montréal peuvent-ils se rendre en si peu de temps à Québec?

Les documents en question sont finalement déposés. Il s'agit du Plan stratégique 2016-19 du ministère de l'Économie, de la science et de l'innovation, du Plan stratégique 2016-19 d'Investissement Québec, et du Plan de développement du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ).

Le point de presse a aussi finalement lieu, dans des conditions peu favorables au travail journalistique. Les confrères n'ont même pas eu en main tous les documents.

-Comment Québec peut-il présenter sa stratégie économique de façon aussi désorganisée?, continue-t-on de s'interroger.

Les éclaircissements sont finalement venus du personnel politique. Non, il ne s'agit pas de la politique économique. Plutôt de "trois plans qui viennent aligner trois organismes avec la vision économique du gouvernement", a-t-on expliqué. Et les journalistes ne pouvaient avoir accès aux documents avant les parlementaires parce que le débat sur ces documents est prescrit par la loi.

Tout s'explique. La suite de la discussion est cependant intéressante.

D'autres stratégies s'en viennent apparemment: une en aérospatiale, une en numérique (révision), une autre pour les exportations et une autre en sciences de la vie. Elles s'ajouteront notamment à la stratégie maritime, au Plan Nord, et à la politique énergétique (qui contient certaines stratégies économiques.

Il n'est pas clair qu'une fois les stratégies à venir présentées, un document baptisé "politique économique du gouvernement du Québec" les regroupera.

Constat?

Pour l'instant, faire une évaluation et une présentation de la politique économique de Québec est une tâche pour le moins complexe. D'abord, parce qu'il semble y manquer des morceaux. Ensuite parce que, même dans ce qui est existant, il faut chercher à gauche et à droite, en haut et en bas, pour rassembler chacune des stratégies.

Il serait bien que le gouvernement en vienne un jour à produire un document dans lequel il résumera sa vision économique et présentera de manière succincte ses différentes interventions par secteur. Quitte à parfaire ou à amender avec le temps.

Les nouveaux plans ont du bon, mais…

Voilà pour la suggestion.

Des choses intéressantes pendant ce temps dans les trois plans dévoilés jeudi?

Le temps a manqué pour les parcourir en détail.

Dans son communiqué, le gouvernement fait néanmoins surtout porter la discussion sur cette décision d'affecter 500 M$ pour les trois prochaines années dans le manufacturier innovant.

L'État veut encourager le secteur manufacturier à investir dans de meilleures technologies et procédés de manière à ce que les entreprises québécoises soient en tête de file plutôt qu'en queue de peloton de leur industrie. Investissement Québec veut aussi être davantage sur le terrain pour amener plus d'entrepreneurs à moderniser leurs moyens de production.

L'idée est bonne. Taper sur ce clou peut créer une atmosphère et installer un état d'esprit chez les entrepreneurs québécois. La mode était davantage à la délocalisation ces dernières années, et les investissements en immobilisation n'ont cessé de décroître. Il est temps de renverser la tendance.

Un hic à l'annonce: en cours de conférence de presse, il a été indiqué que cette aide de 500 M$ se ferait à l'intérieur des budgets actuels. Sans que l'on parvienne à bien expliquer ce qu'on entendait par "budgets actuels". C'est dire que ce qui sera accordé en aide aux manufacturiers innovants, pourrait être retranché ailleurs.

Il n'est évidemment pas ressorti si certains secteurs écoperaient de la nouvelle stratégie.

En phase avec la thématique du jour, c'est demeuré… confus.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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