2-L'investissement de l'État est-il raisonnable?
Les concurrents n'ont pas tort de se plaindre. Le ciment de McInnis ne viendra peut-être pas au Québec, mais il pourrait bien influencer le jeu de l'offre et de la demande dans le nord est américain. Or, il est estimé que les usines du Québec produisent 30% du ciment de la Nouvelle-Angleterre et dans le nord de l'État de New York. Dans les maritimes, McInnis concède déjà en outre qu'elle tentera de prendre du marché à ses rivaux. C'est de la compétition qui s'amène et qui est financée avec leurs impôts.
Investissement Québec prête 250 M$ à McInnis et injecte pour 100 M$ en actions. C'est le tiers du financement du projet.
Ce qui nous a le plus surpris, lors de l'annonce de vendredi, c'est la déclaration de Laurent Beaudoin à l'effet que c'est le gouvernement qui avait demandé à avoir une participation en actions dans le projet. Autrement dit, la famille Beaudoin et la Caisse ne croyaient pas en avoir besoin.
Va pour le 250 M$ de prêts. Investissement Québec joue son rôle de catalyseur de l'activité économique, et, bien que la grogne soit justifiée, l'intervention peut se défendre. En tenant compte du chantier à venir, les retombées collectives sont plus importantes que les inconvénients.
On est cependant moins sûr du 100 M$ en actions. Cet argent doit être emprunté, et il n'était pas nécessaire à la réalisation du projet. Investissement Québec ne joue plus son rôle de catalyseur de développement économique, puisque l'argent n'était pas nécessaire pour que le projet puisse aller de l'avant.
Québec semble ici avoir confondu sa mission en raison du débat sur les redevances minières. Ce débat est réglé. Les redevances sont au niveau où elles doivent être. Le rôle de l'État n'est pas de mettre de l'argent à risque lorsque l'argent est déjà disponible.
Sur ce 100 M$, on aurait dû s'abstenir.
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