Pouliot: Les dernières cartouches d'Astral et BCE

Publié le 01/11/2012 à 09:18, mis à jour le 01/11/2012 à 11:44

Pouliot: Les dernières cartouches d'Astral et BCE

Publié le 01/11/2012 à 09:18, mis à jour le 01/11/2012 à 11:44

L'option 3: l'arrivée d'un partenaire

Si elles veulent compléter la transaction d'ici le 15 janvier, date limite actuellement dans l'entente, il faudrait probablement que BCE se trouve un partenaire qui accepterait d'acquérir un certain nombre de chaînes de télévision.

La chose est facile à dire, mais moins simple à faire.

Au Québec, où l'on est à 33% de parts de marché télévisuel, il faudrait vraisemblablement se débarrasser d'au moins 5% de parts pour ne pas trop jouer avec le feu et se mettre à l'abri d'un nouveau refus.

Super écran, avec ses 3,5% de parts pourrait être un bon début. Mais c'est aussi pour Bell un bel actif, avec des revenus pratiquement garantis. En outre, ça semble être la chaîne la plus rentable d'Astral (19,1 M$ de BAIIA la dernière fois qu'on a regardé). Après une OPA, on liquide rarement ses vaches à lait.

Il y a Historia (1,5%) et Série + (4,2%). Liquider ces deux chaînes pourrait être doublement avantageux du fait qu'elles sont détenues à 50% avec Shaw. Elles comptent dans la totalité du calcul du CRTC pour les parts de marché, mais ne donnent accès qu'à 50% de la rentabilité. Malheureusement, il est douteux que Shaw veuille aider BCE à concrétiser cette acquisition en rachetant le 50% qui lui manque. Pour une tierce partie, ne détenir que 50% d'intérêt est beaucoup moins attrayant.

Canal Vie (3%), Canal D (3,7%) et Z (3%) sont pas mal au cœur des activités, et si vraiment BCE veut faire de la production télé et avoir du levier avec cette transaction, elle n'a pas tellement le choix de les conserver.

Il reste Vrak (1,6%), Télétoon (2,4%) et Musimax (0,6%). Musimax ne fait pratiquement pas d'argent, mais sur un déploiement multiplateforme, et avec evenko comme levier, il s'agit probablement d'un actif auquel on tient. Il y a peut-être un délestage envisageable de Vrak et Télétoon, mais notons que ces chaînes sont aussi assez rentables. Même chose si on décidait finalement de sacrifier Z.

Évidemment, si l'on reçoit un juste prix pour la rentabilité dont on devra se priver et que l'on a fortement payé, l'affaire peut demeurer intéressante.

Mais deux problèmes se posent à ce chapitre.

Le premier est de nature structurelle. Les chaînes spécialisées d'Astral n'ont pas de représentant publicitaire unique affecté à chacune et sont souvent vendues par une équipe centralisée. Vendues à la pièce, ces chaînes ont probablement moins de valeur que dans leur ensemble, puisqu'il y a nécessité de leur ajouter des coûts de fonctionnement.

L'autre difficulté est celle-ci: comme peu de concurrents seront sans doute intéressés à ce que la transaction fonctionne, ils ne devraient pas se présenter avec des offres formidables. Quant à ceux qui ne sont pas des concurrents à grande échelle, comme TC Transcontinental ou Torstar, leurs multiples sont relativement faibles, ce qui ne leur permet pas de payer très cher si elles veulent que l'acquisition soit accréditive au bénéfice.

On voit comment le délestage n'est pas facile et est pratiquement assuré d'être accompagné d'une perte financière.

Et l'on ne parle que du côté francophone. Du côté anglophone la part de marché à ramener n'est non pas de 33%, mais de 42,7%. L'exercice semble nettement plus complexe.

C'est pourquoi cette troisième cartouche semble, elle aussi, avoir une assez faible probabilité de succès.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?