Pouliot - La Presse+: le pari de Guy Crevier peut-il réussir?

Publié le 26/04/2013 à 09:43, mis à jour le 26/04/2013 à 09:43

Pouliot - La Presse+: le pari de Guy Crevier peut-il réussir?

Publié le 26/04/2013 à 09:43, mis à jour le 26/04/2013 à 09:43

Photo:Bloomberg

Blogue. Vous croyez ou ne croyez pas en l'avenir de La Presse +?

Le succès de la nouvelle application tablette ne fait aucun doute dans l'esprit de l'éditeur Guy Crevier, avec qui on a pu discuter, jeudi.

Notre entretien, accompagné de commentaires, et notre sentiment en fin de chronique.

D'où proviendra la rentabilité du projet

D'abord, l'état financier des lieux. La Presse papier est actuellement rentable, mais « n'affiche pas une très forte rentabilité », selon Guy Crevier. L'éditeur dit ne pouvoir en dire plus.

Le plan de match maintenant.

Il y a pour 90M$ de coûts d'impression, de papier et de distribution associés au journal. Le moins on imprimera et distribuera de copies papier, le plus on récupérera dans ce 90 M$. Du moins jusqu'à un certain point.

En postulant l'abandon de l'édition papier, et en supposant un transfert de revenus à peu près équivalents au papier vers La Presse+, on peut voir l'ampleur du potentiel financier brut (90 M$ de gain). Le tout est à mettre en perspective avec un investissement en développement de 40 M$ dans les dernières années, auquel s'ajoutera pour encore quelque temps des pertes de lancement et de développement. Il y a au départ un fort signal théorique d'investissement.

Creusons un peu.

Les revenus de La Presse+ seront-ils équivalents à ceux de La Presse journal? Les revenus publicitaires (la grande partie des revenus des journaux) le seront et ce d'ici deux ans, a dit Guy Crevier.

Compréhension: dans deux ans, donc, l'application devrait être rentable. Il ne l'a pas dit expressément, mais on peut le présumer.

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La présomption vient de ceci. Le plan de match de Guy Crevier est d'avoir 200 000 usagers par semaine en septembre et 400 000 au mois de décembre. Ce 400 000 utilisateurs est la pierre angulaire du projet. À ce moment, l'éditeur juge qu'il aura suffisamment de portée pour pouvoir commencer à cogner aux portes des agences publicitaires et vendre La Presse+ comme un média de masse. « Après 400 000, on ne devrait plus être tellement loin de la rentabilité, a-t-il dit. Il n'y a pas de coûts de papier, pas de coûts de distribution…Et je ne fais pas référence à ce qui arrivera avec le journal. ».

Si on n'est pas loin de la rentabilité dans huit mois, on devrait y être dans deux ans…

La pénétration du marché ne semble pas trop préoccuper monsieur Crevier. L'écosystème de La Presse (papier, web et mobile) compte 1,7 million d'utilisateurs (dont 800 000 utilisateurs papier). Du nombre, 600 000 ont déjà des tablettes. À d'autres médias, il a aussi précisé que 500 000 projetaient en avoir une dans les prochains 12 mois.

Ok, mais pour que la rentabilité soit atteinte, il faut que la publicité rentre, direz-vous. Comment cette publicité rentrera-t-elle?

Ici aussi le grand patron de Gesca est habité de convictions. Il parle notamment d'un million de dollars injectés en études et focus groupes avec les HEC qui ont permis de développer 26 types d'interactivités publicitaires.

Certains ont jugé que le prix publicitaire demandé était trop élevé. Guy Crevier voit, lui, plus de flexibilité pour l'annonceur.

Lorsque sera atteint le cap des 400 000 utilisateurs (décembre), un plein écran de la section A ou de la section Affaires sera offert au même prix qu'une pleine page de la Presse papier. Le tarif publicitaire de la section Sports sera par contre apparié à celui des réseaux de télé spécialisés qui rejoignent une clientèle homme. Et les tarifs des sections plus « soft » (son mot), comme Voyage et Mon Toit, seront alignés sur ceux des magazines.

Constat: encore ici monsieur Crevier ne l'a pas dit, mais la publicité semble effectivement vendue à prime par rapport au journal. Du moins pour les sections A et Affaires, où le papier roule à 800 000 utilisateurs alors que le iPad est à 400 000 (les deux sont au même tarif).

La conséquence? Il y a effectivement un risque que la migration publicitaire ne se fasse pas au tarif prévu, mais on y revient en conclusion.

Le poids des revenus Internet traditionnels

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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