Pouliot - Débats municipaux à Québec et Montréal: nos verdicts

Publié le 22/10/2013 à 09:17, mis à jour le 23/10/2013 à 20:45

Pouliot - Débats municipaux à Québec et Montréal: nos verdicts

Publié le 22/10/2013 à 09:17, mis à jour le 23/10/2013 à 20:45

DÉBAT VILLE DE MONTRÉAL

Pas facile les débats à quatre. À Montréal, c'est vraiment allé dans toutes les directions.

1-LE PRINCIPAL PROJET SOCIO-ÉCONOMIQUE

Tous veulent remettre de l'ordre dans l'administration de la Ville, mais c'est Marcel Côté qui semble le plus avancé dans sa réflexion. C'est ce grand ménage, dit-il, qui redonnera la fierté aux gens d'affaires. Il a aussi parlé de la nécessité d'encourager les centres de développement économiques de l'Est de l'île, où du manufacturier pourrait revenir. Tout comme d'orienter le développement vers l'économie du savoir, et de la chimie verte (produits biodégradables à partir de la pétrochimie).

Denis Coderre veut de son côté créer un véritable service du développement économique et faire de Montréal une "ville intelligente" (smart city). La Ville fonctionnerait avec des processus plus efficaces pour servir les entreprises (pas de retard dans les permis). Cette ville intelligente focaliserait aussi sur l'innovation technoloUgique, et les entreprises pourraient en bénéficier.

Richard Bergeron a beaucoup parlé de l'importance de retenir les familles, dans le contexte d'une défection de 22 000 Montréalais par année qui vont enrichir la banlieue. Sa solution est d'investir plus massivement dans l'amélioration du transport collectif et d'améliorer la qualité de vie. Il créerait de nouveaux quartiers et bonifierait les enveloppes de subventions pour le logement social. Plus de monde sur l'île permettrait d'accroître le PIB.

Mélanie Joly veut enfin créer un poste de chef du développement économique, dont la tâche sera de promouvoir Montréal auprès des investisseurs. Le bureau de ce nouveau chef servirait aussi de guichet unique auprès des entreprises. Il les accompagnerait dans les processus d'obtentions de subventions et d'autorisations. Madame Joly compte de même obtenir de Québec un demi-point de pourcentage de la TVQ payée dans la région de Montréal (300 M$), et le réinvestir dans la dynamisation de la métropole.

Verdict: on ne voit clair qu'avec les projets de Côté et Joly. On aime bien la solution de Marcel Côté. Elle ne coûte rien et rapporte. Mais il faut plus qu'un ménage dans l'appareil public. Le poste d'un chef du développement économique de Mélanie Joly est intéressant. La ville intelligente de monsieur Coderre l'est aussi, mais, dans ce cas, on a de la difficulté à y voir clair. Quant aux créations de nouveaux quartiers de monsieur Bergeron, c'est visionnaire, mais irréaliste à moyen terme. Tout le monde est cassé.

LES DÉFICITS DES RÉGIMES DE RETRAITE

Sur ce volet on est presque tombé de notre chaise. Mélanie Joly a d'abord indiqué qu'elle était en faveur du droit de lock-out. Puis, tout est devenu confus. Tout le monde a en quelque sorte reconnu que les syndiqués accepteraient de contribuer aux renflouements nécessaires sur une base 50-50 (la Ville assume actuellement 100%), en se basant sur une récente entente avec les cols bleus.

Le verdict: attention, danger. Eh-oh, Montréal, réveille-toi! Aucun des candidats à la mairie ne semble comprendre le dossier des régimes de retraite. L'entente avec les cols bleus touche les déficits futurs, pas le déficit passé. Les déficits passé de tous les régimes coûte actuellement 256 M$ par année. Cette charge annuelle représente 5% du budget. Si la méthode de capitalisation améliorée suggérée par le rapport D'Amours est adoptée, la charge annuelle des déficit passé grimpera à 606 M$ et représentera plus de 10% du budget (sans compter le service courant). Les cols bleus n'ont pas accepté de renflouer le "petit" déficit passé. Devant un tel montant, croyez-vous vraiment que les syndicats vont accepter si facilement de régler pour le passé à 50%?

LA SOLUTION TRANSPORT

Tout le monde parle de mettre en place plus de voies réservées aux autobus et des services rapides par bus (SRB). Un SRB est un système d'autobus articulé qui circule sur des voies exclusives et contrôle les feux de circulation. C'est Mélanie Joly qui présente le projet le plus audacieux, avec 130 km de SRB. Monsieur Bergeron estime de son côté que Montréal devrait aller seule de l'avant avec la construction d'un premier tronçon de tramway de 15 km, qu'il financerait à même les économies que créera la Commission Charbonneau sur le budget d'infrastructures.

Verdict: comme à Québec, on ne sait pas trop. Mélanie Joly estime à 600 M$ sur 8 ans le coût des SRB. Sans l'aide de Québec, Montréal n'a pas cette capacité financière. Le projet de monsieur Bergeron coûte 1 G$ sur 30 ans. Il a le mérite d'avoir identifié où il prendrait l'argent. Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?