Pouliot - Couche-Tard: l'ostentatoire religion syndicale

Publié le 25/09/2013 à 20:56, mis à jour le 26/09/2013 à 15:33

Pouliot - Couche-Tard: l'ostentatoire religion syndicale

Publié le 25/09/2013 à 20:56, mis à jour le 26/09/2013 à 15:33

Qui a raison?

Qui a raison dans tout ce bras de fer entre Couche-Tard et la CSN? Et que penser de la démarche des communautés dans le contexte?

La CSN est actuellement dans six Couche-Tard, dont cinq sont franchisés. Elle attend des décisions arbitrales sur une première convention collective dans la majorité de ceux-ci.

Voici les revendications:

-quatre journées de maladie;

-un système de communication d'urgence en cas de vol à main armée;

-un suivi psychologique pour les victimes d'agression armée;

-des règles objectives pour les octrois de poste et les choix d'horaire et de vacances;

-une échelle salariale menant à un taux horaire de 12,80$ l'heure pour les préposés.

En l'absence d'un repère sur le salaire moyen du commerce de détail, il est hasardeux de commenter sur la revendication salariale. Pour le reste, à première vue, ça n'apparaît pas déraisonnable.

La difficulté de la situation est surtout que ce qui sera demandé demain pourrait bien être différent de ce qui est demandé aujourd'hui. Et, dans les souliers de Couche-Tard, il est tout à fait compréhensible que l'arrivée des syndicats soit redoutée.

Tous ont à l'esprit des entreprises syndiqués où les choses vont bien. Tous ont aussi à l'esprit d'autres entreprises, où les comportements syndicaux ont causé d'importants dommages. On ne sait qu'après.

C'est en pesant le pour et le contre que nous est revenu le souvenir du projet de gaz naturel du Suroît. En 2004, alors que le Québec tergiversait, des communautés religieuses étaient soudainement sorties de leur réserve pour demander au gouvernement d'abandonner le projet. Elles avaient des inquiétudes sur ses conséquences pour l'entente de Kyoto, et des doléances sur la façon dont il était présenté. Les communautés finançaient Hydro-Québec et étaient devenues socialement mal à l'aise avec la façon dont agissait la société d'État. La sortie avait porté le coup fatal au Suroît.

Plus tard, on allait aussi en voir chez Wal-Mart, s'inquiéter du respect des droits des travailleurs. C'était de bon aloi, et conforme aux valeurs de respect.

Cette fois, elles viennent cependant d'endosser une revendication qui va plus loin.

Contrairement aux actions précédentes, qui s'attaquaient à des enjeux ponctuels, la proposition de mercredi risquait ultimement que conduire, non pas au respect de droits ou de valeurs, mais à la promotion d'une cause: celle de la syndicalisation. C'était aller trop loin.

Réclamer l'examen de certaines des revendications défendues par les syndicats (suivi psychologique, etc.), mais avec distance par rapport aux syndicats, aurait sans doute eu plus d'effet dans le public.

Cela dit, en ces jours où certains réclament des communautés religieuses qu'elles gardent bas profil dans les rapports civils, il est bien de les voir continuer de voter leurs procurations et agir. Elles font dans plusieurs cas un meilleur travail que nombre d'investisseurs institutionnels.

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À lire aussi : Couche-Tard veut vendre sa propre marque d'essence

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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