Plan Nord : ce que l'on retient de notre rencontre avec le premier ministre

Publié le 19/02/2012 à 21:10, mis à jour le 20/02/2012 à 12:16

Plan Nord : ce que l'on retient de notre rencontre avec le premier ministre

Publié le 19/02/2012 à 21:10, mis à jour le 20/02/2012 à 12:16

BLOGUE. C'est avec une certaine ambivalence que l'on est ressorti, il y a quelques jours, d'un entretien avec le premier ministre Jean Charest. Bonne nouvelle, le cadre de l'intervention de l'État se précise à l'égard du Plan Nord et devient plus clair. Mauvaise nouvelle, on n'est toujours pas tout à fait sûr que l'État fera une bonne affaire, hydroélectrique du moins, avec ce projet.

En entretien avec ma collègue Suzanne Dansereau et le rédacteur en chef Stéphane Paquet, M. Charest a été clair : Hydro-Québec devra faire de l'argent avec les différents projets électriques.

Si une société minière veut une ligne de transmission pour son projet, ce sera à elle d'en assumer les coûts. Pas question non plus de lui vendre l'électricité à rabais, au tarif L (3 cents le kilowattheure).

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Le gouvernement ne contribuera que si le «bien commun» est au rendez-vous. Dans le cas par exemple où une ligne permettrait du même coup l'électrification d'une communauté isolée.

 Tous ne seront pas heureux

La nouvelle ne devrait pas être reçue avec grand enthousiasme par la communauté minière.

Stornoway, par exemple, qui est à développer une mine de diamant aux monts Otish, étudie actuellement la possibilité de construire une ligne électrique qui partirait de Laforge. Elle était prête à payer de sa poche l'infrastructure, mais espérait jusqu'à maintenant que le gouvernement accepterait de lui vendre l'électricité au tarif L.

Même si elle n'annonce pas nécessairement la mort du projet électrique (un tarif avantageux peut peut-être toujours être consenti), la déclaration de M. Charest vient significativement d'accroître la probabilité que l'on doive continuer de fonctionner avec des génératrices au diesel.

La position du gouvernement est la bonne. Il ne peut être demandé à Hydro-Québec, qui produit à un coût d'environ 7 cents le kWh à la Romaine (transport exclu), de vendre son électricité à un prix de 3 cents (tarif L en excluant le transport). C'est une chose de vendre sans marge, c'en est une toute autre de vendre à très forte perte.

Là où ça devient plus préoccupant

Bonne décision du gouvernement donc.

Là où ça devient plus préoccupant, c'est que, si, comme cela se dessine, le diesel demeure plus rentable que l'hydroélectricité, on peut se demander à qui Hydro-Québec pourra bien vendre l'électricité des 47 G $ de projets qu'elle a pour le Plan Nord.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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