Miser sur l'Industrielle Alliance pour contrer la hausse des taux?

Publié le 09/04/2012 à 00:00, mis à jour le 09/04/2012 à 10:44

Miser sur l'Industrielle Alliance pour contrer la hausse des taux?

Publié le 09/04/2012 à 00:00, mis à jour le 09/04/2012 à 10:44

BLOGUE. Peur d'une hausse des taux d'intérêt qui ferait grimper vos paiements hypothécaires ? Un amortisseur de choc pourrait se trouver dans le titre de l'Industrielle Alliance.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les sociétés d'assurance-vie se sont fait secouer le pommier au cours des derniers mois. L'action de l'Industrielle Alliance, qui se négociait il y a un an au-dessus de 40 $, a presque chuté de moitié, avant de remonter à 30,58 $.

Le secteur est sous pression, alors que la baisse des taux d'intérêt diminue les rendements des portefeuilles des assureurs et les force à revoir leurs hypothèses actuarielles. Si vous prévoyez honorer X millions de dollars de polices d'assurance-vie dans 10 ans - en tenant compte d'un rendement total de votre portefeuille de 5 %, alors que celui-ci devait vous procurer du 8 % -, vous devrez reconnaître un jour que vous vous êtes trompé. Résultat : le bénéfice que vous escomptiez sera moins grand. Il vous faudra davantage de réserves, ce qui gruge vos bénéfices actuels.

Dit plus techniquement, mais sans entrer dans la plomberie, une baisse des taux d'intérêt fait baisser la valeur comptable des sociétés d'assurance.

La bonne nouvelle, c'est qu'une hausse des taux d'intérêt peut aussi la faire grimper. D'où notre raisonnement selon lequel si l'on craint une hausse des taux hypothécaires, on peut sans doute en compenser une partie en investissant dans le titre de l'Industrielle.

La question qui suit est bien entendue : que feront les taux d'intérêt long terme au cours des prochaines années, et comment réagira le titre ? Dans une intéressante analyse, Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, y va de trois scénarios.

Le scénario pessimiste

Le taux d'intérêt sur les obligations 30 ans du Québec est d'environ 3,70 à 3,75 %. Celui des obligations canadiennes gravite aux environs de 2,75 %. Laissons de côté les obligations fédérales pour ne pas se perdre dans le détail.

Le scénario pessimiste table sur des taux à long terme qui reculeraient à la première et à la deuxième année, mais pousseraient finalement plus haut dès la troisième année. Ainsi, le taux 30 ans du Québec serait à 3,55 % au 31 décembre 2012, à 3,65 % en 2013 (toujours sous l'actuel 3,73 %) et à 4,15 % l'année suivante.

Dans une telle situation, voici ce que le titre de l'Industrielle (IAG, 30,58 $) devrait minimalement valoir aux dates suivantes :

31 décembre 2012 : 27 $

31 décembre 2013 : 31 $

31 décembre 2014 : 37 $

Le scénario optimiste

Il s'agit à l'inverse d'un scénario où le taux d'intérêt 30 ans part de son actuel 3,73 %, passe à 4,20 % au 31 décembre 2012, à 4,45 % en 2013 et à 5,05 % en 2014.

Dans cette situation, le titre de l'Industrielle affiche les valeurs suivantes :

31 décembre 2012 : 39 $

31 décembre 2013 : 46 $

31 décembre 2014 : 53 $

Le scénario intermédiaire

Les taux d'intérêt augmentent ici plus lentement. De 3,73 %, on passe à 3,97 % en 2012, à 4,08 % en 2013 et à 4,47 % en 2014.

Le titre de la société affiche alors les valeurs suivantes :

31 décembre 2012 : 34 $

31 décembre 2013 : 40 $

31 décembre 2014 : 48 $

Que penser ?

L'analyste accorde une probabilité de réalisation de 50 % au scénario intermédiaire et de 25 % à chacun des deux autres.

Bien malin celui qui réussira à prédire l'évolution des taux. Sur un horizon à long terme, il semble cependant assuré qu'ils remonteront. L'inflation se pointera et les investisseurs demanderont plus de rendement pour la combattre.

Le scénario pessimiste permet d'évaluer le risque de recul d'un investissement effectué aujourd'hui, si les taux d'intérêt se maintenaient au niveau actuel pendant deux ans. À peu près 10-12 % de recul dans les 12 prochains mois et au neutre pour deux ans.

Pour le potentiel de gain, on laisserait de côté le scénario optimiste et on se rabattrait sur le scénario intermédiaire. C'est 10 % la première année et 60 % sur trois ans. Un assez bon levier pour lutter contre une hausse hypothécaire.

Même dans le scénario pessimiste, la situation semble intéressante, avec un rendement de 20 % la troisième année.

Constat ?

Investir dans l'Industrielle Alliance, c'est un peu comme prendre une police d'assurance qui ne coûte rien et qui garantit une certaine indemnisation.

À noter que le pari n'est pas sans risque. Il est possible que les taux ne bougent pas et que l'on reste avec une perte. RBC Marchés des Capitaux signale aussi que l'attente de rendement à long terme des assureurs pour le secteur des actions est de 8 %. Ce pourrait être un peu élevé, et une révision viendrait peser sur les rendements anticipés. La stratégie semble tout de même intéressante.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

INDUSTRIELLE ALLIANCE

(IAG ; 30,58 $)

Recommandation des analystes

Achat 0

Surperformance 1

Conserver 10

Sous-performe 0

Vendre 0

Cible moyenne : 30,55 $

Données de marché

Symbole: IAG

Prix actuel: 30,34 $

Fourchette 52 sem.: 24,75 $ - 42,02 $

Dividende: 0,98 $

Valeur boursière: 2,7 G$

Prévisions de bénéfices par action

ANNÉE / 2012 / 2013

31 déc. / 2,96 $ / 3,18 $

T1 / 0,72 $ / 0,80 $

T2 / 0,73 $ / 0,83 $

T3 / 0,74 $ / 0,83 $

T4 / 0,81 $ / 0,82 $

Cible des analystes

Moyenne: 30,55 $

Plus élevée 39,50 $

Plus basse 27 $

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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