Métaux : là où ça brille et là où ça brille trop


Édition du 28 Janvier 2017

Métaux : là où ça brille et là où ça brille trop


Édition du 28 Janvier 2017

[Photo : 123RF/Vitaly Krivosheev]

Bien que toujours relative, la confiance est de retour sur les marchés financiers. Les indices continuent de pointer vers de nouveaux sommets à New York et les prévisions économiques laissent entrevoir des jours assez porteurs.

La Chine devrait notamment mieux performer que prévu en 2017, disait notamment, il y a quelques jours, le Fonds monétaire international (FMI), en haussant son anticipation de croissance du PIB de 6,2 % à 6,5 %.

La Chine est le plus important consommateur de métaux du monde. L'idée nous est donc venue de faire le tour du secteur pour voir s'il n'y aurait pas des occasions intéressantes à saisir.

Constat : ça brille un peu partout, mais tout ce qui brille n'est pas or.

Fer : mieux vaut ne pas se laisser aveugler

Le prix du minerai de fer est à plus de 80 $ US. Il y a un an, il était à 40 $ US.

À la source de cette spectaculaire poussée, une accentuation de la demande en Chine, en raison des programmes de stimulation économique.

Force est cependant d'avouer que beaucoup d'analystes se grattent l'occiput et ont de la difficulté à expliquer l'ampleur du redressement.

Intuition : ça sent les fonds spéculatifs.

La difficulté est que leur entrée en scène est toujours suivie d'un moment où l'élan s'arrête, où les cours fléchissent, et où tout le monde cherche ensuite à sortir. Le fait que les analystes aient de la difficulté à rationnaliser la poussée sur des bases fondamentales est indicateur que ce moment n'est probablement pas tellement éloigné.

Nickel : ici aussi ça semble un peu trop brillant

À près de 5 $ US/livre, le prix du métal est en hausse de 34 % par rapport au creux de février 2016. Belle poussée, mais il y a beaucoup de points d'interrogation pour la suite. La Banque Scotia explique le bond par le fait que l'offre a reculé de 3,1 %, alors que la demande en acier inoxydable grimpait sous l'impulsion de la demande chinoise.

Le problème est qu'il y a de l'artifice dans la baisse de l'offre. Afin de forcer les Chinois à construire des usines de transformation dans son pays, l'Indonésie, premier producteur mondial, a mis en place un embargo sur les exportations de nickel non transformé. L'objectif était de faire monter les prix de la matière première. Problème : les Philippines ont pris le relais et comblé en partie la baisse de l'offre. Pour des motifs environnementaux, les Philippines pourraient aussi abaisser leur production (ce qui entraînerait plus loin la poussée), mais l'Indonésie commence à envoyer des signes d'assouplissement sur l'embargo (finances publiques obligent). Si les Philippines ne bougent pas, et que l'Indonésie assouplit, l'offre augmentera.

Pendant ce temps, les stocks demeurent importants. La Scotia évalue les stocks visibles à 546 000 tonnes, alors que le déficit n'a été que de 54 tonnes cette année.

Pas exactement une piste d'envol sans brouillard.

Le zinc : là, ça devient étincelant

Si l'on en croit l'équipe d'analystes de la Scotia, 2017 pourrait bien être l'année du zinc. L'arrivée en fin de vie et la fermeture de quatre importantes mines entre 2013 et 2016 ont significativement changé le jeu de l'offre et de la demande en retranchant l'équivalent de 8 % de la production mondiale.

Ce retranchement n'a pas vraiment été comblé par de nouvelles ouvertures de mines, le signal de prix dans les dernières années n'ayant pas été favorable.

Si bien que la maison prévoit maintenant pour la période 2017-2019 des déficits de 618 000 tonnes, 423 000 tonnes et 212 000 tonnes. Le tout est à mettre en relation avec des stocks accumulés (inventaires mondiaux) visibles de 741 000 tonnes et probablement entre 100 000 et 200 000 tonnes de stocks cachés. Le signal sur les prix risque d'être important.

La maison voit passer le métal de 0,95 $ US la livre en 2016 à 1,30 $ US en 2017 et 1,50 $ US en 2019.

Le cuivre : ça ressemble au zinc, mais plus loin

La commodité la plus embêtante du secteur des métaux. Le prix est en hausse de 25 % par rapport à l'an dernier, autour de 2,60 $ US la livre.

La plupart des analystes s'attendent à ce que 2017 et 2018 soient des années qui se terminent avec un marché où l'offre et la demande seront somme toute en équilibre.

La Scotia anticipe cependant d'importantes complications d'approvisionnement pour 2020 et 2021. En raison de l'épuisement de certaines mines et du manque de projets. À son avis, il faut un prix à 3 $ US la livre pour inciter des minières à développer de nouveaux projets, et au moins quatre à cinq ans sont nécessaires. Si bien que les déficits prévus ces années sont respectivement de 346 000 et 730 000 tonnes. Le tout est à mettre en perspective avec des inventaires à environ 1 million de tonnes. La maison voit le prix du cuivre atteindre à ce moment les 3,50 $ US.

On notera que le signal de prix est lointain. Prendre en compte également que la Chine représente actuellement 48 % de la demande mondiale en cuivre. Le chiffre est insoutenable à long terme, puisque l'économie chinoise est loin de peser aussi lourd dans l'économie mondiale.

Des titres à considérer ?

Évidemment, le mieux est de rechercher des sociétés exposées au zinc et au cuivre. Si on croit que les scénarios optimistes se matérialiseront, la Scotia et Financière Banque Nationale aiment bien les titres de HudBay Mineral (HBM, --- $), Lundin Mining (LUN, --- $) et First Quantum (FM, --- $).

Hudbay Minerals (HBM, 8,85 $)

→ 4 ACHETER

→ 4 CONSERVER

→ 6 SUPERFORMANCE

Cible moyenne : 10,75 $

Lundin Mining (LUN, 5,49 $ US)

→ 5 CONSERVER

→ 10 SUPERFORMANCE

→ 1 VENDRE

→ 5 ACHETER

Cible moyenne : 6,30 $ US

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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