Le portefeuille Trump


Édition du 03 Décembre 2016

Le portefeuille Trump


Édition du 03 Décembre 2016

Quels sont les titres qui pourraient le plus bénéficier de la présidence de Donald Trump et du fait que les républicains seront majoritaires au Congrès ?

Il s'est publié nombre d'articles sur le sujet, et notre bureau a été inondé de commentaires d'analystes sur l'impact de l'élection dans différents secteurs.

La meilleure approche est probablement celle de RBC Marchés des Capitaux.

Le stratège Jonathan Golub et son équipe ont bâti un portefeuille d'une quarantaine de titres qui pourraient bénéficier de la situation. Ce sont les critères retenus dans la constitution du portefeuille qui sont intéressants.

Il faut vraiment habiter sur une autre planète pour ne pas savoir que M. Trump a l'intention d'adopter plus de mesures protectionnistes aux États-Unis. L'un des critères établis est donc d'avoir des activités focalisées surtout sur le marché intérieur.

Il est aussi connu que le nouveau président souhaite ramener le taux d'impôt fédéral des entreprises de 35 % à 15 %. Un autre critère s'attarde aux sociétés qui paient actuellement beaucoup d'impôt. Ce seront en effet celles qui bénéficieront le plus d'une baisse du fardeau.

Trois autres critères s'ajoutent.

En théorie, les baisses d'impôt et l'augmentation des investissements dans les infrastructures devraient faire en sorte que la cadence de l'économie s'accélérera. Les entreprises ayant actuellement les plus importants coûts fixes devraient donc voir leur marge s'accroître plus que celle des autres. Avoir des coûts fixes plus élevés est un troisième critère.

Évidemment, il ne faut pas payer trop cher : avoir un faible multiple cours/bénéfice et avoir été en défaveur auprès des investisseurs dans les derniers mois est le quatrième critère.

Reste celui de la volatilité. Les titres à faible volatilité (souvent des sociétés de services publics) sont plus sensibles à une hausse des taux d'intérêt, puisque le seul moyen que leur dividende maintienne le même écart de rendement avantageux avec les obligations est que l'action recule. Le tamis favorise donc les titres à plus grande volatilité.

Qui choisir ?

Wow ! Voilà le portefeuille idéal dans lequel puiser quelques titres, s'est-on dit après avoir parcouru les critères du document.

C'est là que les problèmes commencent.

Le marché se trompe régulièrement, mais on est aussi régulièrement frappé par l'intelligence et la vitesse d'anticipation avec lesquelles il réagit. Même si le S&P 500 n'a progressé que de 3 % depuis le 8 novembre, jour de l'élection de Trump, la plupart des titres du portefeuille ont littéralement explosé. Un seul titre a reculé (GAP, à la suite de résultats fort décevants) et plus d'une quinzaine affichent des progressions qui vont de 15 % à 33 %.

Notre attention s'est donc fixée sur les titres qui avaient bougé de moins de 15 %, histoire de diminuer l'exposition au risque d'une correction potentielle. On a aussi introduit un autre critère maison exigeant que le titre soit sous un sommet de deux ans.

En voici donc cinq, qui méritent étude, étant donné leur faible valeur relative. Mise en garde : il n'est pas certain que le programme économique de Donald Trump soit réalisable, et le consensus des analystes ne coïncide pas toujours avec les résultats des filtres de RBC Marchés des Capitaux.

Ryder System (R, 80,59 $ US)

L'entreprise de Miami loue des camions de façon unitaire, mais elle loue aussi des flottes de camions et en assume la logistique. L'année 2016 a été difficile dans l'industrie du camionnage, qui a affronté une demande moribonde et une chute des valeurs des camions d'occasion. Si l'économie accélère, les choses pourraient cependant se redresser.

Norfolk Southern (NSC, 104,04 $ US)

La société de chemin de fer de la Virginie couvre 22 États, principalement dans le sud-est des États-Unis. Elle est spécialisée dans le fret de marchandises. Le raisonnement est à peu près le même qu'en ce qui concerne Ryder : si l'économie s'accélère, les volumes devraient accélérer aussi. Tous les critères sont remplis, mais RBC souligne ici que le multiple est un peu élevé.

AutoNation (AN, 44,92 $ US)

Le plus important vendeur d'automobiles, neuves ou usagées, aux États-Unis. Son siège social est situé à Fort Lauderdale, en Floride. Ses 280 concessionnaires sont surtout localisés dans les grands marchés métropolitains. Le marché est plus difficile cette année dans le véhicule neuf et d'occasion. En ce qui concerne les nouveaux véhicules, les ventes d'automobiles pourraient être plus faibles qu'en 2015, estime Bloomberg Intelligence. Dans le créneau du véhicule de seconde main, plusieurs véhicules de location arrivent en fin de bail et alourdissent les stocks. Le titre est déprimé, c'est le scénario parfait pour une remontée des cours si l'économie accélère.

Cardinal Health (CAH, 70,55 $ US)

Les résultats du dernier trimestre du distributeur pharmaceutique de Dublin, en Ohio, ont déçu les analystes. Après que certaines sociétés, dont Valeant, eurent haussé les prix de médicaments de façon inconsidérée, les acheteurs se sont mis à négocier, et les distributeurs, qui sont intermédiaires, en font les frais. Ceux-ci reçoivent généralement une portion des ventes effectuées. Or, les prix des génériques baissent, tandis que ceux des médicaments d'ordonnance grimpent moins rapidement. Comme si ce n'était pas assez, l'entreprise a perdu Safeway comme cliente.

La démographie demeure néanmoins favorable, et l'élection de Donald Trump vient stabiliser un secteur qui aurait pu être encore plus déstabilisé par Hillary Clinton, qui avait fait du prix des médicaments un cheval de bataille. Le secteur se négocie à faibles multiples. On a personnellement cependant un petit doute sur l'impact que pourrait avoir le retrait de l'Obamacare sur les volumes.

Bed Bath & Beyond (BBBY, 45,41 $ US)

Les choses ne vont pas très bien pour le détaillant d'articles de maison du New Jersey. Au dernier trimestre, le bénéfice était en recul de 8 %. Les ventes par Internet progressent bien, mais celles en magasin fléchissent. Le titre est cependant à moins de 10 fois le bénéfice prévu pour 2017 (février). Il est probable que l'action monterait grâce à une stabilisation des ventes, ce que pourrait entraîner une accélération de la croissance économique.

Sur le radar

Les 40 titres à surveiller selon RBC Marchés des Capitaux

→ AmerisourceBergen, ABC

→ Alliance Data, ADS

→ Alaska Air, ALK

→ Ameriprise, AMP

→ AutoNation, AN

→ Anthem, ANTM

→ Bed Bath & Beyond, BBBY

→ BB&T, BBT

→ Best Buy, BBY

→ Cardinal Health, CAH

→Capital One, COF

→ Discover, DFS

→ Express Scripts, ESRX

→ Freeport- McMoRan, FCX

→ GAP, GPS

→ Huntingdon, HBAN

→ Nordstrom, JWN

→ CarMax, KMX

→ Kohl's, KSS

→ Legg Mason, LM

→ Lincoln National, LNC

→ Southwest Airlines, LUV

→ Macy's, M

→ McKesson, MCK

→ Navient, NAVI

→ Norfolk Southern, NSC

→ PNC, PNC

→ Ryder System, R

→ Regions, RF

→ Staples, SPLS

→ Southwestern, SWN

→ Tegna, TGNA

→ Tesoro, TSO

→ Unum, UNM

→ Urban Outfitters, URBN

→ United Rentals, URI

→ U.S. Bancorp, USB

→ Wells Fargo, WFC

Zions, ZION

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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