La stratégie de l'haltère


Édition du 07 Mars 2015

La stratégie de l'haltère


Édition du 07 Mars 2015

Pour l'investisseur qui suit le secteur du commerce de détail au Canada, l'heure est à la déprime. L'ours (bear) semble partout à la fois. Jacob, Target, Mexx, Bikini Village, Parasuco et Sony sont toutes en train (ou ont fini) de vider leurs étalages au moment où Sears Canada bat vraiment de l'aile.

L'histoire est totalement différente aux États-Unis, où, cette fois, c'est le taureau (bull) qui semble partout, avec nombre de détaillants qui affichent des résultats en forte hausse et des cours boursiers qui poussent plus en avant.

Devrait-on profiter de l'embellie américaine pour courir avec les bulls américains ? Ou devrait-on plutôt se méfier ?

Une récente analyse de Sterne Agee aide à la réflexion.

Il y a des raisons pour courir...

> Le prix de l'essence est en baisse et cela devrait favoriser le pouvoir d'achat du consommateur au fur et à mesure qu'on avancera en 2015. La maison estime que si le prix de l'essence demeure au niveau actuel, il pourrait à lui seul faire grimper les ventes au détail de l'équivalent de 1 %.

> Le consommateur devrait aussi bénéficier de coûts de chauffage moins élevés. Ça ne paraît pas au Québec, mais chez l'oncle Sam l'hiver est beaucoup plus clément que l'an dernier. Les dépenses de chauffage devraient diminuer de 12 % dans le Nord-Est et le Midwest par rapport à l'hiver dernier.

> Troisième élément, Weather Trends International prévoit que le printemps surviendra tôt, ce qui en 2012 avait donné d'excellents résultats pour les détaillants.

... mais méfions-nous de l'ours Grizzly

Attention cependant, l'ours pourrait sortir de sa tanière.

> Il y a beaucoup d'anticipation chez les investisseurs. Wal-Mart se négocie par exemple à plus de 17 fois la prévision de bénéfices 2015, une prime de 30 % par rapport à sa moyenne historique ; Target, à près de 20 fois, une prime de plus de 45 %, Nordstrom, à 19,4 fois, une prime de 30,5 %...

Quand trop d'attentes sont comprises dans un titre, les bénéfices peuvent avancer, mais le gain boursier sera minime. Il peut même y avoir correction si les bénéfices ne progressent pas suffisamment. Il se pourrait en outre qu'à un moment donné le marché commence à anticiper un pétrole plus élevé pour 2016 et un consommateur qui a un peu moins d'argent à dépenser.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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