La chasse aux aubaines québécoises


Édition du 08 Février 2014

La chasse aux aubaines québécoises


Édition du 08 Février 2014

Nous revoici au coeur de la période REER, saison la plus intense de la chasse aux aubaines. Surévalué le marché, cette année ? Pas de notre point de vue. Force est cependant de reconnaître qu'après la poussée des derniers mois, il est plus difficile de trouver des aubaines.

Une recette ? Peut-être.

La valeur d'un titre est généralement fondée, non pas sur le dernier bénéfice d'une société, mais sur celui de l'année à venir.

Et si on se projetait plutôt dans deux ans ?

Avec notre collègue Rachel Tousignant, on a passé en revue l'ensemble des prévisions de bénéfices des 50 plus importantes sociétés du Québec (le tableau en page i-11). L'idée était d'y trouver les bénéfices qui connaîtraient la plus forte croissance, non pas sur un an, mais sur deux ans.

On a par la suite éliminé tous les titres qui se négociaient à plus de 17 fois le bénéfice de 2013 (la moyenne historique du marché étant d'environ 15). Enfin, on a exclu de cet ensemble les titres des entreprises évoluant dans des secteurs cycliques.

C'est ainsi qu'on a obtenu ce qui pourrait être les cinq titres les plus intéressants du top 50. Comme ils ont un multiple généralement inférieur à celui du marché, une éventuelle correction devrait moins les toucher. Et comme leurs bénéfices devraient croître plus vite que ceux de la moyenne du marché, ils devraient offrir un meilleur rendement que la moyenne.

Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas de rechercher un coup de circuit. Plutôt un rendement supérieur à celui des indices, avec un risque de recul plus contenu que celui du marché. Vous aurez aussi compris qu'il n'y a pas de garantie, car ces projections sur l'horizon de deux ans ne sont que sur papier et devront se concrétiser.

Voici les titres retenus.

Dorel (Tor., DII.B, 41,24 $)

Les jours sont difficiles pour le manufacturier montréalais, tandis que ses ventes reculent à la fois dans ses divisions de produits pour enfants et produits récréatifs. Les années d'incertitudes économiques semblent avoir fait baisser la demande de sièges d'auto, poussettes et autres produits du genre. La concurrence est féroce. C'est un peu la même chose dans l'industrie du vélo.

Pessimistes pour l'instant, les analystes voient cependant le bénéfice par action de Dorel (2,69 $) rebondir de plus de 60 % dans deux ans (4,39 $). Le titre se négocie à peine à 9 fois le bénéfice de 2013.

Bombardier (Tor., BBD.B, 4,02 $)

Une situation tout aussi difficile pour l'avionneur montréalais, au moment où l'entrée en service du CSeries vient d'être reportée d'un an.

Le titre se négocie à moins de 10 fois le bénéfice et le consensus fait état d'une progression de 38 % sur deux ans (0,37 $ à 0,51 $). On n'est pas sûr du pronostic, mais même avec une progression de moitié moindre, les bénéfices de Bombardier grimperaient plus rapidement que ceux du marché. On est indécis.

Power Corp. (Tor., POW, 30,52 $)

Les initiatives médias ont récemment pesé sur les résultats du conglomérat montréalais. Les analystes semblent toutefois prévoir une reprise du secteur de l'assurance (Great-West) et de l'industrie des fonds d'investissement (Investors, Mackenzie) dans les mois à venir. Le titre se négocie à 13 fois le bénéfice de 2013, et le consensus vise une progression du bénéfice de 38 % sur deux ans (2,28 $ à 3,16 $). C'est une situation qui offre peut-être un peu moins de potentiel que Bombardier en termes de redressement des multiples, mais qui semble plus sécuritaire. Le dividende est d'environ 4 %.

Uni-Sélect (Tor., UNS, 28,24 $)

Le fournisseur de pièces d'auto de Boucherville n'a pas la vie facile. L'économie ne redémarre pas sur les chapeaux de roues aux États-Unis, et le consommateur est prêt à endurer plus de bobos sur son véhicule.

Toute l'industrie est sous pression, mais Uni-Sélect est en train de se réorganiser. Elle regroupe des centres de distribution et ferme des points de service non rentables.

Le titre est à 12,5 fois le bénéfice prévu en 2013, avec une progression anticipée des profits de 28 % sur deux ans (2,24 $ à 2,78 $).

Une partie de l'histoire à propos du titre d'Uni-Sélect repose sur l'amélioration économique, l'autre est une question d'exécution.

TransForce (Tor., TFI, 24,08 $)

Le titre le plus cher de la sélection, à près de 17 fois le bénéfice de 2013. La progression prévue du bénéfice sur deux ans est cependant de plus de 55 % (de 1,42 $ à 2,22 $), ce qui constitue un fort potentiel d'appréciation.

TransForce pourrait voir les bénéfices de ses activités de transport lourd augmenter avec la reprise du secteur manufacturier. En parallèle, elle fait des acquisitions dans le transport plus léger (notamment dans le courrier spécialisé), où les marges sont réputées pour être plus intéressantes. Un peu cher, mais si le pronostic est bon, le titre du transporteur montréalais pourrait s'avérer pas très cher.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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