L'OPEP serait-elle en train de tuer Énergie Est?

Publié le 27/11/2014 à 17:29

L'OPEP serait-elle en train de tuer Énergie Est?

Publié le 27/11/2014 à 17:29

C'est ici que ça se complique pour TransCanada

Le développement vient assurément compliquer le projet Énergie Est de TransCanada.

On se rappellera qu'il y a quelques semaines, Gaz Métro avait haussé le ton et décrié le projet de pipeline de 4000 km (auquel est associée la construction d'un port pétrolier à Cacouna).

Gaz Métro n'est pas contre le projet, mais ne peut y adhérer dans sa forme actuelle. Essentiellement, le problème en est un de capacité d'approvisionnement du Québec pour deux mois dans l'hiver. TransCanada veut utiliser le tuyau actuel entre North Bay et Ottawa pour transporter du pétrole. Elle construirait une nouvelle conduite pour le gaz, mais d'une capacité deux fois moindre.

Gaz Métro estime que cette construction met à risque les approvisionnements en gaz pour certaines entreprises du Québec au cours de la période. Et elle vient de recevoir l'appui du gouvernement du Québec qui dit n'être prêt à autoriser le projet que s'il obtient des garanties suffisantes qu'il ne nuira pas aux approvisionnements énergétiques de la province.

Portons attention aux chiffres qui suivent.

TransCanada dit qu'il lui en coûterait 1G$ supplémentaire pour construire un pipeline pétrolier.

À ce jour, la direction s'attendait à ce que le projet Énergie Est génère un rendement sur l'investissement dans la haute fourchette de sa cible de 7-9%.

En présumant un rendement espéré de 8,5%, et en ajoutant 1G$ à l'investissement actuellement anticipé de 12 G$, TransCanada demeurerait encore à l'intérieur de sa fourchette de rendement recherché. Celui-ci tomberait en effet à 7,8%.

Avec la décision de l'OPEP, s'ajoute cependant une complication: TransCanada aura-t-elle à long terme assez de volumes pétroliers pour générer les rendements appropriés?

Gaz Métro estime que déjà la conduite actuelle pose un problème de capacité d'approvisionnement en hiver. Il serait vraiment étonnant de la voir accepter de transiter par une conduite deux fois moindre. Et tout autant de voir le gouvernement du Québec ne pas l'appuyer. Le coût de 1G$ supplémentaire apparaît difficilement évitable pour TransCanada.

Supposons maintenant que certains projets des sables bitumineux ne puissent plus aller de l'avant parce que la donne économique se modifie et que ce qui était fort lucratif à 100$ le baril, ne l'est plus du tout à 75$ US.

À 7,8% de rendement, alors que le seuil minimal demandé est de 7%, l'économique du projet commençait déjà à se corser avec le problème Gaz Métro. Si les volumes deviennent cette fois plus incertains, le projet le devient tout autant.

La maison Edgecrest Capital évalue que le coût d'un certain nombre de projets de sables bitumineux est autour de 80$ le baril. Il y a cependant diverses opinions dans le marché, et une baisse du dollar canadien (comme c'est souvent le cas lorsque le pétrole descend) pourrait aider les producteurs d'ici.

Suivons l'OPEP, il y a une forte probabilité que ce soit elle qui, sans le savoir, déterminera du sort d'Énergie Est.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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