Jusqu'où doit aller l'État avec le Plan Nord

Publié le 30/01/2012 à 17:58, mis à jour le 03/02/2012 à 13:26

Jusqu'où doit aller l'État avec le Plan Nord

Publié le 30/01/2012 à 17:58, mis à jour le 03/02/2012 à 13:26

Québec doit-il investir plus dans les projets miniers?

Un argument qui revient avec régularité et qui fait peur. Lorsque tous sont convaincus de faire de l'argent à l'infini, c'est que l'on est généralement en bulle.

Investissement Québec prévoit investir 500 M$ sur cinq ans, en prises de participation et prêts. Il vaudrait mieux ne pas aller au-delà. Petit rappel: une étude de la Deutsche Bank prévoit que la Chine atteindra un plateau de consommation du minerai de fer en 2017 et que les prix seront alors passés de 130$ US la tonne à 80$ US la tonne. Des mines devront fermer dans les années suivantes alors que trop de projets auront été construits.

Nos teneurs en fer, a-t-on appris lundi, sont deux fois moindres que celles de l'Australie et le minerai est situé nettement plus loin.

Prudence…

Québec doit-il demander de la deuxième transformation?

Une proposition entendue à quelques reprises en matinée. Ne permettre l'exploitation d'une mine que si la minière prend des engagements de deuxième transformation.

C'est une demande qui paraît hasardeuse et n'est pas facile d'application. Les plus petites sociétés ont souvent de la difficulté à financer un projet, alors en demander deux…

Pour les plus grosses, ce n'est pas évident non plus. S'il y a de la capacité excédentaire dans la transformation du minerai de fer en boulettes, ajouter une autre usine de production ne va pas diminuer cette capacité excédentaire, mais l'augmenter. Ce qui veut dire une non-rentabilité assurée.

Pareille exigence amènerait une nette augmentation des capitaux à investir et encore plus d'incertitude quant aux rendements à attendre.

Trop exigeant.

Hydro-Québec et les contribuables se font-ils avoir?

C'est le talon d'Achille du Plan Nord. Et pourtant les investissements en électricité représentent la part du lion du projet (47 des 80 G$).

Plusieurs se plaignent qu'il est difficile de voir quels sont les besoins anticipés par Hydro-Québec pour l'avenir et si on n'est pas en train de projeter construire des éléphants blancs.

Un intervenant laissait entendre que la plupart des projets de barrages ne seraient pas reliés au réseau actuel, ce qui laisse croire qu'ils serviraient exclusivement aux activités minières. Un pari potentiellement très dangereux si les marchés des métaux tombent en cours de route. Mais peut-être moins risqué que celui de raccorder les barrages au réseau et d'être obligé de vendre à perte parce que notre électricité du nord ne serait pas concurrentielle avec la filière gazière.

Il est temps qu'Hydro et le gouvernement soient plus clairs sur comment ils voient le potentiel hydro-électrique du nord se matérialiser.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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