François Pouliot: Vidéotron peut-elle battre tout le monde?

Publié le 27/09/2010 à 06:23, mis à jour le 27/09/2010 à 09:00

François Pouliot: Vidéotron peut-elle battre tout le monde?

Publié le 27/09/2010 à 06:23, mis à jour le 27/09/2010 à 09:00

Photo : Lesaffaires.com

Analyse. Ça y est. Depuis quelques semaines, Vidéotron est réellement dans la téléphonie sans fil. Le challenger peut-il s'imposer et créer de la valeur pour Quebecor ?

Pas simple de faire des comparaisons à partir d'une vingtaine de forfaits. En consultant rapidement les analyses, on comprend cependant ceci : côté voix, les prix de l'entreprise sont alignés sur ceux de ses rivales; côté données, ils sont de 30 à 40 % moins élevés.

Effort seulement sur un tableau ? Pas tout à fait. Les prix pour la voix ne tiennent pas compte des rabais propres à la combinaison de services. Si vous optez pour un forfait, Vidéotron est en dessous du marché. Avec quatre services (câble, Internet, téléphonie fixe et mobile), le forfait " Québec à l'infini " coûte 49,95 $ par mois, par exemple. Le prix régulier pour un service est de 59,50 $.

Prendra du marché, Vidéotron ? On voit difficilement comment elle pourrait ne pas le faire.

De ses 1,8 million d'abonnés, pas moins de 800 000 souscrivent actuellement à trois services. La plupart de ces abonnés sont en moyens, une cible parfaite pour l'offre sans fil.

Sur cette cible, la guerre des prix se passera évidemment sur le plan des forfaits. Out Rogers et Telus, qui n'offrent habituellement qu'un seul service, le cellulaire. Impossible pour elles de guerroyer sur le front du combo. Elles pourront peut-être baisser les prix discrètement quand le client signifiera qu'il ne renouvelle pas son abonnement, mais ça reste à voir. Et elles ne pourront jamais égaler l'avantage de la facture unique.

Moins out, Bell Canada. Elle peut offrir des combinaisons de services. Dans le passé, lors de la première attaque de Vidéotron dans la téléphonie traditionnelle, le géant préférait perdre des parts de marché plutôt que de trop baisser ses prix (entre deux maux, on choisit le moindre). Elle vient cependant de surprendre en introduisant elle aussi la semaine dernière un forfait Québec à l'infini. Même prix que celui de Vidéotron. À cause du passé, on ne conclurait pas immédiatement que Bell s'ajustera ainsi sur l'ensemble de ses forfaits.

Constat : il ne serait pas étonnant qu'avec le passage du temps et l'expiration des contrats chez ses concurrentes, les 800 000 abonnés aux trois services de Vidéotron achètent aussi son service sans fil. Dans la téléphonie traditionnelle, il a fallu cinq ans à Vidéotron pour aller chercher un million d'abonnés. Retenons la période. On notera maintenant qu'il y a souvent plus d'un abonné par ménage. Multiplions le nombre d'abonnés par deux. Sur cinq ans, la grappe cible s'établit donc à environ 1,6 million d'abonnés.

Quelle valeur pour le titre de Quebecor ?

D'après le scénario de 1,6 million d'abonnés, RBC Marchés des Capitaux croit que le sans-fil pourrait générer un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) de 276 millions de dollars (M$) pour Quebecor.

Trop optimiste ? D'accord, coupons de moitié, et ajoutons les prévisions de marges d'une autre firme. Valeurs mobilières Cormark table sur plus de 770 000 abonnés et un BAIIA de 175 M$.

Appliquons maintenant un ratio d'industrie de 6 à chacun des BAIIA : le sans-fil crée 14 $ par action de valeur sur cinq ans dans le premier scénario, et près de 9 $ dans le second. Le titre de Quebecor s'échange actuellement à environ 35 $.

Si l'économie se maintient et que les autres activités continuent de croître au rythme actuel, les perspectives paraissent assez intéressantes pour l'action.

Les preneurs aux livres devraient favoriser le challenger.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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