François Pouliot: plan économique Legault-Sirois, pour ou contre?

Publié le 02/06/2011 à 09:11, mis à jour le 03/06/2011 à 10:05

François Pouliot: plan économique Legault-Sirois, pour ou contre?

Publié le 02/06/2011 à 09:11, mis à jour le 03/06/2011 à 10:05

 

François Legault et Charles Sirois veulent bâtir une économie québécoise de propriétaires et non de succursales, disent-ils dans le plan économique qu'ils viennent de déposer. D'accord? Pas d'accord?

Il y a de bonnes idées dans le plan présenté mercredi par la Coalition pour l'avenir du Québec. Certaines peu développées, mais qui gagneraient à l'être davantage, comme ces programmes d'éveil à l'entreprenariat et ces programmes entreprenariat-études.

Il y a cependant aussi de moins bonnes suggestions.

Le plan repose sur trois axes et comporte une dizaine de mesures. Voici chacune, avec notre position.

AXE 1: PROPRIÉTAIRES DE NOTRE ÉCONOMIE

Mesure 1: Créer un fonds de 5 G$ financé par la Caisse de dépôt et par un appel à l'épargne, pour prendre des participations minoritaires dans les projets d'exploitation de nos ressources naturelles.

Position: contre.

Le Fonds des Ressources naturelles du Québec serait financé par la Caisse et par un appel à l'épargne publique. Les proportions ne sont pas définies.

L'idée est d'aller chercher plus que des redevances et de retirer 50 à 60% des bénéfices totaux en s'engageant dans la propriété des projets.

Il manque trop de détails. Commettre une enveloppe de 5 G$ apparaît audacieux. Sur quel horizon de temps? Souvenons-nous des années 2000, lorsqu'on avait demandé à la SGF d'investir 2 G$ sur cinq ans dans son créneau d'intervention. Les lendemains avaient été catastrophiques.

Une trop grosse enveloppe sur un trop petit ensemble (le Québec) nous force à choisir de moins bonnes sociétés. Qui plus est, le secteur des ressources est cyclique. Il est possible que dans trois ans un fonds de 5G $ lancé aujourd'hui en valle 10G$, mais personne ne peut non plus exclure qu'il ne valle alors que 3-3,5 G$.

Il faut laisser la Caisse libre de ses investissements et ses pondérations.

Mesure 2: Accroître les investissements de la Caisse de dépôt au Québec

Position: contre.

On est bien d'accord que les positions de la Caisse au Québec devraient être plus importantes. Mais on doit encore une fois la laisser libre de ses pondérations. S'il y a de l'argent à faire avec un risque adapté à celui recherché par l'institution, elle viendra par elle-même.

La Coalition semble aussi suggérer que la Caisse soit utilisée pour maintenir les sièges sociaux ici. Dans des situations d'OPA hostiles, c'est trop lui demander et c'est placer son rendement à risque. Si c'est ce que l'on veut, il faudrait penser à des solutions législatives plutôt qu'à faire porter les risques sur les pensionnés de l'État.

Mesure 3: Favoriser les regroupements des terres agricoles afin de conserver leur propriété au Québec

Position: favorable

Afin de retenir nos jeunes agriculteurs et nous assurer que nos terres demeurent notre propriété, il faut inciter les institutions financières à créer des mutuelles ou des fiducies régionales à propriété québécoise. Elles pourraient acheter les terres, les financer et les louer à long terme.

On n'est pas très sûr que la mesure permettrait de retenir nos jeunes agriculteurs, mais il est effectivement préférable que nos capacités de production ne soient pas contrôlées par l'étranger. Si l'incitation ne coûte rien à l'État, il est difficile d'être contre.

Mesure 4: Soutenir les transferts d'entreprise aux générations suivantes ou aux employés

Position: contre.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?