Fonds de solidarité: deux bonnes nouvelles, une mauvaise

Publié le 06/02/2014 à 19:22, mis à jour le 07/02/2014 à 06:40

Fonds de solidarité: deux bonnes nouvelles, une mauvaise

Publié le 06/02/2014 à 19:22, mis à jour le 07/02/2014 à 06:40

Ouf! Important brasse-camarade au Fonds de solidarité. De nouvelles règles de gouvernance, un nouveau président du conseil d'administration nommé et un chef de direction démis. Deux bonnes nouvelles, une mauvaise.

Voyons d'abord les bonnes nouvelles.

1-L'arrivée de Robert Parizeau

Le Fonds annonce que le président de son conseil d'administration ne sera plus désormais le président de la FTQ, mais un administrateur indépendant. Il nomme Robert Parizeau, un respecté spécialiste de la gouvernance, qui a notamment bâti de solides entreprises dans le secteur de l'assurance.

Monsieur Parizeau est le frère de l'ancien premier ministre du Québec. Il siège sur les conseils d'administration de l'Institut de la gouvernance des organisations publiques et privées. Il co-préside l'Institut des administrateurs de société du Québec. C'est un ancien président de conseil de Gaz Metro, et il a siégé aux conseils de la Banque Nationale, Power Corp, Canam et Van Houtte.

Son CV parle par lui-même, et il devrait fortement contribuer à rétablir l'image du Fonds de solidarité dans plusieurs milieux.

C'est la meilleure nouvelle de la journée.

2-La réforme des règles de gouvernance

Il faut être naïf pour croire que le milieu syndical est en train d'abandonner le contrôle du Fonds de solidarité.

La nouvelle structure prévoit que 7 administrateurs sur 19 proviendront de la FTQ. Sept seront des indépendants, recommandés par un comité d'administrateurs indépendants, 4 seront élus à partir d'un appel public de candidatures, et il y aura enfin le PDG (chef de direction).

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

En théorie, ça ne fait que 7 sièges sur 19 au monde syndical. Mais il est à peu près certain que les 4 sièges qui doivent aller en appel public de candidatures seront occupés par des administrateurs issus du monde syndical. Il s'avère en effet que 37% des actions du Fonds sont détenus par des membres de la FTQ, alors qu'entre 50 et 60% de l'argent qui entre à chaque année provient d'actionnaires syndiqués (d'autres centrales, grâce à des représentants qui en font la promotion). Sachant que les petits actionnaires n'exercent à peu près jamais leur droit de vote dans le monde corporatif, celui qui voudra se présenter à l'un de ces postes sans l'appui du monde syndical a toute une pente à remonter. Sa victoire est quasi-impossible. C'est ce qui fait que le milieu syndical aura toujours en réalité 11 des 19 sièges.

On aurait également aimé avoir plus de clarté sur deux autres éléments.

-Comment exactement se fera la nomination des sept administrateurs indépendants? Les quatre administrateurs indépendants qui sont actuellement au Fonds et auront charge de les recommander, ont été nommés par la FTQ. Ce sont des indépendants, mais pas vraiment dans toute la force du mot.

-Pourquoi ne pas avoir resserré la définition d'indépendant? À l'heure actuelle, un ancien employé du Fonds pourra être considéré comme indépendant trois ans après avoir quitté l'organisation. C'est la norme partout, mais tant qu'à laver blanc, on pourrait laver plus blanc.

Cela dit, malgré tout ce qui précède, la gouvernance proposée est bonne.

Les problèmes du Fonds relevés par la commission Charbonneau concernent essentiellement l'influence de mauvais esprits sur le conseil d'administration et l'allocation de capitaux dans des projets éthiquement condamnables.

En 2009, dans la foulée des premiers dérapages rapportés dans les médias, de nouvelles règles de gouvernance avaient été mises en place. Avec celles-ci, il allait désormais être impossible pour un projet d'arriver au conseil d'administration sans être passé par un conseil sectoriel où allaient siéger une majorité d'analystes non affiliés au Fonds ou à la FTQ. Cette révision avait en bonne partie réglé le problème, comme l'illustre le fait que la commission Charbonneau ne semble pas avoir trouvé à redire sur les comportements après 2009.

Les nouvelles règles annoncées jeudi viennent renforcer davantage celles de 2009. Même si l'influence syndicale demeure, l'indépendance d'esprit est grandement augmentée. Et l'on voit mal comment du trafic d'influence pourrait désormais cheminer au Fonds.

La réforme permettra au surplus d'augmenter l'expertise des administrateurs et de mieux gérer le risque.

Une deuxième bonne nouvelle, donc.

La mauvaise nouvelle

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?