Des Desmarais, de monsieur Sabia et de la LNH

Publié le 17/02/2012 à 09:26, mis à jour le 17/02/2012 à 09:26

Des Desmarais, de monsieur Sabia et de la LNH

Publié le 17/02/2012 à 09:26, mis à jour le 17/02/2012 à 09:26

BLOGUE. On pensait que toute cette histoire de séjour et d'hébergement dans Charlevoix allait faire un peu de bruit et s'estomper. Mais voilà qu'elle en fait bien plus que prévu.

Monsieur Sabia a-t-il bien fait d'aller en séjour chez la famille Desmarais?

"Non", était notre réponse jusqu'à aujourd'hui. On a personnellement toujours trouvé que les affaires se faisaient mieux au bureau, sans ces petits à-côtés princiers qui sont susceptibles de jeter des doutes sur l'intérêt que vous pouvez le mieux servir. La Caisse n'a pas des capitaux illimités, elle doit parfois arbitrer des décisions d'investissement, et il vaut mieux ne pas fournir de munitions aux polémistes à l'effet que du favoritisme a eu lieu pour faveur mondaine personnelle obtenue.

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La Caisse a cependant fourni en après-midi, mercredi, des précisions sur ce séjour. Il s'avère que monsieur Sabia et son épouse ont une relation d'amitié avec la famille d'André Desmarais depuis plus d'une dizaine d'années. Ils ont reçu une invitation et leur ont rendu une visite avec leur fille. Une vingtaine d'autres personnes assistaient.

L'institution affirme qu'en aucun moment il n'a été question de transaction potentielle ou d'une collaboration entre les deux organisations.

Évidemment, il y aura toutes sortes de remises en question de la version de la Caisse (sur la force de l'amitié, la récurrence des fréquentations et des discussions d'affaires, etc.). Au final, en l'absence d'une amorce de preuve contraire, en conformité avec ce que prescrit le code civil, on présumera que monsieur Sabia est de bonne foi et qu'il y a effectivement une relation d'amitié de longue date. On ne peut empêcher des rencontres d'amitié.

Dans le contexte, et malgré tous les processus en place, il ne serait cependant pas superflu que Michael Sabia s'assure de déclarer cette amitié au conseil d'administration et obtienne sa bénédiction s'il venait à y avoir des décisions importantes à prendre concernant Power Corp.

De la guerre entre les médias

Beaucoup d'encre a aussi coulé dans cette histoire sur la guerre que se mènent les groupes de presse Quebecor et Gesca.

On ne s'avancera pas trop loin sur le champ de bataille, si ce n'est comme observateur des conséquences économiques de l'engagement.

Il était certes d'intérêt public de discuter de la présence de monsieur Sabia chez les Desmarais. Mais l'élan que donne à l'affaire les médias Quebecor est surprenante aux yeux de plusieurs.

Ce qui n'est pas sans soulever de nouveau des interrogations sur la façon dont l'entreprise joue ses cartes pour obtenir une équipe de la Ligue nationale de hockey.

On avait été une première fois surpris lors de la contestation par Quebecor au CRTC des droits de télé du CH. La LNH n'était pas sans avoir un intérêt dans ce dossier et pour quelqu'un qui cherche à entrer à la grande table des gouverneurs, la démarche apparaissait peu porteuse.

Voilà maintenant que le groupe met avec insistance sur la défensive son principal actionnaire, la Caisse de dépôt. Il charge aussi avec la même énergie la famille Desmarais, qui a apparemment accueilli sous son toit le grand patron de la LNH, Gary Bettman.

Peut-être Quebecor est-elle déjà assurée d'avoir une équipe, et alors tout s'explique. Elle peut donner libre cours à sa façon de raconter des histoires.

Si tel n'est pas le cas, que l'équipe n'est pas déjà dans la poche, il est souhaitable que monsieur Bettman n'ait pas trop apprécié son séjour à Sagard. Et qu'il ne soit pas très informé de la façon dont celle qui lui sollicite une franchise traite sa principale partenaire d'affaires.

Parce que partenaire d'affaires, c'est ce que Quebecor souhaite avoir en la LNH.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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