Coup d'oeil au centre d'achat


Édition du 27 Janvier 2018

Coup d'oeil au centre d'achat


Édition du 27 Janvier 2018

Roots est probablement le titre qui nous plaît le plus. [Photo: Facebook / Roots]

Survivra, ne survivra pas ? À moins que ce ne soit une prochaine étoile ? Le comportement des titres du secteur du détail est étonnant. Doit-on y porter attention ou battre en retraite ?

On a été étonné, il y a quelques jours, lorsque le détaillant Aritzia (ATZ, 13,74 $) a dévoilé ses résultats du troisième trimestre. Quelques analystes se sont mis à hausser leur cible en appliquant à leur prévision de bénéfice des multiples de 23, et même de 25 pour l'exercice à venir.

À titre comparatif, le S&P 500 se négocie autour de 18,4 fois l'anticipation pour l'exercice 2018. Les multiples utilisés pour Aritzia sont à première vue énormes.

Pendant ce temps, Dick's Sporting Goods (DKS, 33,54 $ US), un détaillant sportif américain qui s'apparente à Sports Experts - dont on vous a déjà parlé quelques fois et dont on est personnellement actionnaire -, est à 11 fois le bénéfice, après être descendu sous les 10 fois. C'est un multiple de grande misère.

À l'évidence, l'optimisme côtoie le pessimisme dans le secteur du détail. Et il n'y a pas de vision unique sur ce qui guette chacun en cette période de grande transformation.

Est-il plus avantageux d'investir dans un titre à fort multiple pour lequel le marché attend une forte croissance des bénéfices ? Ou plutôt dans un titre à faible multiple pour lequel le marché n'attend rien de bon, côté croissance des bénéfices ?

La question nous taraude depuis longtemps, mais particulièrement ces jours-ci dans le secteur du détail.

Personnellement, on préfère la deuxième option.

Dans le premier cas (multiple élevé, attentes élevés), le risque est que les profits ne se présentent pas conformément aux anticipations. Le multiple est alors à risque de fortement compresser, et l'action, de chuter.

On préfère la seconde option parce que, souvent, les attentes sont faibles et la probabilité que les anticipations soient battues est intéressante. Si celles-ci sont fortement battues sur quelques trimestres, on gagne en outre sur deux tableaux : le titre avance parce que les bénéfices progressent plus que prévu, et le multiple prend généralement du tonus sous l'effet d'une augmentation de l'optimisme, ce qui permet un deuxième pas en avant.

Il n'y a cependant pas de garantie. Il demeure toujours possible que les bénéfices déçoivent et que le titre recule. La chose nous est d'ailleurs arrivée avec Dick's. Notre méthode était bonne il y a deux mois, avec une action à 25 $ US, mais elle l'était moins à l'été avec une action à 38 $ US.

Des titres à surveiller pour lesquels se pose avec particulièrement d'acuité la question « force du multiple/force des anticipations ». On en a repéré quatre.

Voici nos impressions sur chacun.

Dans la catégorie à faibles multiples

Bed Bath & Beyond (BBBY, 23,68 $). Le titre de la société de décoration intérieure est à 7,7 fois le bénéfice anticipé dans 12 mois et 6,5 fois le dernier. C'est probablement le plus faible multiple du secteur. On connaît mal la société et, par conséquent, on resterait prudent. Elle perd des parts de marché au profit des vendeurs du Net. Dans un autre sous-secteur, elle pourrait peut-être compenser en récupérant les parts de marché de compétiteurs en faillite, mais il ne semble pas y en avoir beaucoup. Le brouillard est dense.

Dick's Sporting Goods (DKS, 33,54 $ US). On reste dans le titre. C'est difficile dans le créneau sportif alors que les Nike, Adidas et Under Armour songent toutes à augmenter leurs ventes directes en ligne au consommateur. Cela dit, il y a certaines nouveautés que l'on voit passer chez ces marques, dans la chaussure sport notamment, et que le consommateur préférera à notre avis essayer en magasin. Les nouveautés des grands noms ont dans le passé agi en bons catalyseurs pour les détaillants sportifs. L'économie va bien, le consommateur est confiant. Quelque chose nous dit que la probabilité de surprise est favorable. On verra bien.

Dans la catégorie à plus forts multiples

Aritzia (ATZ, 13,74 $). Les neuf analystes qui suivent le titre sont à « achat », et ont des cibles qui se situent à plus de 20 $. On aime bien le modèle d'affaires de la société qui, en bonne partie, dessine ses propres vêtements. Le plan de croissance table sur l'ajout de boutiques et des gains de parts de marché en ligne. La chose devrait se produire. À près de 21,5 fois le dernier bénéfice, l'évaluation semble cependant laisser peu de place à l'erreur.

Roots (ROOT, 11,68 $). Probablement le titre qui nous plaît le plus. À 18,5 fois le bénéfice actuel, il affiche un multiple qui n'est pas faible, mais s'appuie sur une croissance des bénéfices de 21,7 % par année dans les trois dernières années. Son plan stratégique vise pendant ce temps une croissance des profits de 20 % dans chacune des trois prochaines années. Roots n'a que 116 magasins au Canada et 4 aux États-Unis. Elle croit pouvoir pénétrer le marché de l'Oncle Sam. Ses capacités en ligne sont bien développées. L'achalandage dans ses magasins comparables est aussi en augmentation. Les Olympiques qui s'amènent ne devraient pas nuire.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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