Construction : faut-il suivre Buffett ?

Publié le 12/03/2012 à 09:28, mis à jour le 12/03/2012 à 09:28

Construction : faut-il suivre Buffett ?

Publié le 12/03/2012 à 09:28, mis à jour le 12/03/2012 à 09:28

A-t-il raison?

Il faut être assez téméraire pour s'opposer à Warren Buffett.

À long terme, il est de toute façon difficile d'attaquer le pronostic. Le marché de la construction finira en effet par rebondir.

La question en est davantage une d'opportunisme. Rien ne sert de positionner son capital dans des sociétés de construction, si la demande ne s'améliore pas avant cinq ans.

Ce qui amène cette question, sur laquelle Buffett ne s'avance pas : à quelle vitesse l'excédent d'inventaire pourrait-il disparaître ?

La maison Goldman Sachs s'est récemment attardée à l'interrogation. Ses analystes évaluent l'excès de stocks à 2,5 millions (M) d'unités. Ils anticipent pour 2012 une croissance des nouveaux ménages de 0,8 M et de 1,1 M pour 2013. Tout cela en fonction d'une création d'emplois qui devrait se maintenir à la cadence actuelle, c'est-à-dire à 150 000 par mois. Résultat des courses : le marché devrait revenir à l'équilibre d'ici 3,5 ans.

Un horizon tout de même assez éloigné.

Un confrère blogueur du Financial Times, Cardiff Garcia, estimait récemment que le pronostic semblait conservateur. Et que, même s'il ne l'était pas, le rebond pourrait survenir bien avant. Il se peut en effet qu'une partie des unités résidentielles en surplus ne fasse pas l'affaire des nouveaux ménages, et que ceux-ci décident plutôt de se faire construire. Les unités en surplus sont également inégalement réparties, ce qui est susceptible de fausser la lecture du marché en général. Par exemple, Las Vegas peut rester avec un lot important d'unités libres, mais plusieurs marchés peuvent repartir.

On est d'accord. Notre seule hésitation est en fait, comme chaque fois, liée aux prévisions de reprise pour les États-Unis. Rappelons les chiffres. L'administration Obama prévoit qu'à la fin de son exercice financier, en septembre 2012, son déficit équivaudra à 8,5 % du PIB (sensiblement la même chose qu'en 2011, à 8,7 %). Pour septembre 2013, la cible est à 5,5 % et pour l'exercice suivant, à 3,9 %. Même si le PIB augmentera, c'est un recul assez appréciable de stimulus à prévoir, et quelque chose nous dit que l'économie croîtra beaucoup moins vite à partir de 2013 qu'elle ne le fait actuellement. On peut même se demander si elle ne rechutera pas.

C'est pourquoi il nous paraît plutôt optimiste de parler d'une reprise de la construction américaine dans 3,5 ans.

Cela dit, tenter de synchroniser le marché n'est jamais facile, et généralement une idée mauvaise. Pour ceux qui comme Buffett ont un horizon à long terme, le coup semble certain. Il suffit de miser sur des entreprises qui ne sont pas trop endettées.

Voici quelques sociétés de construction susceptibles de rebondir un jour : Toll Brothers (TOL, 22,87 $ US), Standard Pacific (SPF, 4,20 $ US US), KB Home (KBH, 11,20 $ US) et Lennar Corp. (LEN, 22,95 $ US).

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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