Ciment McInnis: le 100 M$ de Québec vaut-il encore 100 M$?

Publié le 11/08/2016 à 21:20

Ciment McInnis: le 100 M$ de Québec vaut-il encore 100 M$?

Publié le 11/08/2016 à 21:20

La Caisse de dépôt et placement du Québec prend le contrôle de Ciment McInnis. Voilà qui est clair. Combien vaut aujourd'hui la mise de fonds du gouvernement du Québec. Voilà qui est moins clair.

Une réinjection dans le projet de cimenterie était devenue nécessaire, autrement, tout le monde y aurait perdu sa chemise.

Les chiffres et les détails fournis jeudi sur l'opération de refinancement ne permettent cependant pas de voir quelle valeur est actuellement accordée au projet.

Port Daniel ne coûtera pas 1,1 G$, mais plutôt un peu plus de 1,5 G$.

Deux choses.

1-La participation du gouvernement du Québec est diluée. On ne sait pas à quel pourcentage de participation il avait eu droit initialement, ni ce qu'il est aujourd'hui (après réinjection). Mais il est certain que ce niveau de participation est désormais diminué. C'est dire que si profit il y a dans l'avenir, il en récoltera une moins grande part que ce qui était prévu.

2-Il est difficile de dire si la participation du gouvernement dans le projet a encore une valeur de 100 M$. S'il s'agissait uniquement d'une bonification de projet, il pourrait peut-être être prétendu que la valeur de McInnis est, après les investissements, de 1,5 G$. Mais il ne s'agit malheureusement pas uniquement de bonifications et il est probable que le projet n'ait pas cette valeur. Combien vaut aujourd'hui l'investissement du gouvernement du Québec?

On a tenté jeudi d'avoir réponses aux interrogations, mais celles-ci ne sont pas encore revenues.

Il ne s'agit pas d'enterrer trop vite le projet. Il est possible que sa rentabilité soit effectivement, à terme, excellente. Et que sa valeur soit encore intéressante et n'ait pas trop bougée.

Le public a cependant droit à plus de précisions.

Dans l'intérim, il y a d'ores et déjà une bonne leçon pour le gouvernement du Québec.

Initialement, la province ne devait être partenaire que pour 250 M$ en prêts dans le projet. Tout le capital actionnaire était injecté par la famille Bombardier-Beaudoin et la Caisse de dépôt. À la grande surprise de Laurent Beaudoin, c'est le gouvernement Marois qui a demandé à être actionnaire.

Pourquoi le gouvernement a-t-il exigé cette participation? Simplement en raison de ce débat à l'effet que le Québec ne retire pas sa juste part de ses ressources naturelles.

Québec n'avait malheureusement pas ce 100 M$. Il a dû l'emprunter et il est possible que l'on soit maintenant à perte sur cet emprunt.

Il y a des risques dans tout projet, ce que la discussion publique, polarisée par une grande partisannerie politique, a malheureusement pour un temps oublié. Va pour le 250 M$ en prêts. Ils étaient nécessaires, d'autres prêteurs étant difficiles à trouver. Et le potentiel du projet était attrayant pour le Québec, en termes de retombées. Mais on aurait dû en rester là. Le rôle de l'État n'est pas de mettre de l'argent à risque lorsque celui-ci est déjà disponible.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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