Budget: si on respecte les conventions, comment fera-t-on?

Publié le 06/05/2014 à 18:20

Budget: si on respecte les conventions, comment fera-t-on?

Publié le 06/05/2014 à 18:20

C'est avec une certaine surprise que l'on a appris, il y a quelques jours, que le gouvernement n'entendait pas toucher aux conventions collectives du secteur public.

"Humm… Ça y est, la cible ne sera pas atteinte cette année, et 2015-16 ne sera pas à l'équilibre. Misère… Quel plan le gouvernement peut-il bien avoir à l'esprit?", n'a-t-on pu retenir sur la nouvelle.

Réflexion faîte, l'État semble vouloir faire un petit pari sur la croissance économique et courtiser les syndicats pour pouvoir récupérer plus un peu plus tard.

La situation actuelle

D'abord un retour sur la situation (ceux qui n'aiment pas la mécanique financière peuvent aller à la page suivante sur la solution qui pourrait être dans les cartons).

Il manque officiellement 3,7 G$ pour atteindre l'objectif 2014-15 (un déficit de 1,75 G$). Près de 1,8 G$ de mesures ont déjà été identifiées par le gouvernement. Mais, en date de l'évaluation des experts Luc Godbout et Claude Montmarquette, il restait 1,9 G$ à trouver.

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Étant donné les promesses électorales libérales déjà annoncées (crédits à la rénovation, forêt et garderies), le manque à gagner est grimpé à 2,1 G$. Mais est redescendu à 1,6 G$ avec la décision du gouvernement de récupérer 490 M$ par une directive administrative, qui porte notamment sur le gel des embauches et des gains de productivité équivalent à 2% de la masse salariale.

Chaque pourcentage d'augmentation de salaire des employés de l'État aurait permis de récupérer entre 300 et 400 M$. En annulant les augmentations de salaire des employés de l'État (2%) c'est autour de 700 M$ qu'il était possible d'aller chercher pour l'exercice en cours. Ce qui permettait de faire un bon bout de chemin sur le 1,6 G$.

En l'absence de ces gains, où ira-t-on chercher les économies nécessaires?

Les experts suggèrent un gel de la masse salariale. Résumons en disant que sans toucher aux augmentations de salaires, ou renier des ententes avec des groupes de salariés, il est difficile de voir comment le gouvernement peut réussir à geler la masse salariale. Il réussira à trouver le 490 M$ qu'il vient de demander sur celle-ci. D'ailleurs, la CAQ visait une récupération de 521 M$ sur cette masse salariale à la première année de son cadre financier, on est dans les mêmes eaux. Plus élevé, n'est pas raisonnable, si l'objectif est, comme on le dit, de ne pas affecter les services.

Rien à tirer de la masse salariale, donc. Sauf peut-être chez les médecins, où l'on parle d'une récupération possible de 500 M$, en étalant la hausse de salaire prévue. Ce ne sera sûrement pas 500 M$, mais soyons optimistes et retenons 400 M$.

Le programme du PLQ prévoyait un effort supplémentaire de 200 M$ des sociétés d'État. Ça devrait fonctionner. Bien que probablement partiellement, une partie de l'effort étant déjà dans la dernière commande de 490 M$.

On peut penser aux 450 M$ de crédits d'impôts aux entreprises que la CAQ suggérait de geler pour un an. Avec toute l'importance qu'accorde le gouvernement à la relance de l'économie, il serait cependant bien étonnant de le voir agir ici tout de suite. Du moins significativement.

Les autres mesures de compression au plan de la CAQ touchaient l'optimisation des approvisionnements (250 M$), la révision des dépenses en informatique (300 M$) et la révision de la politique économique du PQ (276 M$).

Si toutes ces mesures sont applicables, et que l'on combine avec un éventuel étalement de la hausse de rémunération des médecins (économie présumée de 400 M$), il y a peut-être moyen de s'approcher de la cible pour cette année.

La difficulté

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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