Bombardier: une sévère chute de rentabilité semble se pointer

Publié le 23/07/2015 à 16:39

Bombardier: une sévère chute de rentabilité semble se pointer

Publié le 23/07/2015 à 16:39

Photo: Shutterstock

Les jours sont difficiles pour Bombardier(Tor, BBD.B). Ceux qui croyaient la semaine dernière que le titre avait effectué un «touch and go», avec sa descente à 1,86$ et son rebond à 2$, sont déçus.

L'action de Bombardier est partie en vrille mercredi et est solidement tombée. Elle cote maintenant autour de 1,70$.

D'où est venu le coup?

Essentiellement, d'abaissements de cible concomitants de Financière Banque Nationale et de BMO Marchés des capitaux.

On le disait la semaine dernière, le titre est particulièrement sous pression depuis le 8 juillet, jour de publication d'un article d'Aviation International News (aionline.com) à l'effet que l'entrée en service des nouveaux jets privés Global 7000 et 8000 pourrait être retardée. L'entrée en service de ces appareils est actuellement prévue pour 2016 et 2017.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

On ne connaît pas trop les motifs qui amènent Bombardier à jongler avec le calendrier. S'agit-il d'un simple retard dans le développement ou l'opération est-elle forcée par des contraintes financières plus importantes que ce qui était perçu jusqu'à maintenant?

Un simple retard ne devrait pas avoir d'implications financières aussi importantes que celui du CSeries, estime Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale. Les appareils 7000 et 8000 ne sont en effet que le fruit d'un programme dérivé des autres modèles Global. Il ne s'agit pas ici de mettre en service une nouvelle famille d'appareils.

Le marché semble cependant de plus en plus se demander si Bombardier ne cherche pas à récupérer des coûts, parce que sa rentabilité est sur le point de reculer fortement.

Depuis plusieurs mois c'est une question qui flotte dans notre esprit: quelle sera la rentabilité de Bombardier lorsqu'elle amènera en production la CSeries?

Le coût du programme CSeries a significativement augmenté en cours de route (de 3,4 à 5,4 G$ US), notamment en raison des retards enregistrés. Ces coûts ont en bonne partie été capitalisés et commenceront à apparaître aux états financiers lorsque les premiers appareils seront livrés. Or, on ne connaît pas le prix auquel les CSeries ont été vendus jusqu'à maintenant. Il est à peu près certain cependant que les premiers appareils n'ont pas été vendus à un prix très élevé. Il fallait en effet se donner une base de clients pour lancer l'intérêt.

Le consensus des analystes est pour un bénéfice à 0,16$ US par action en 2016, comparativement à 0,23$US en 2015. Mais les prévisions de BMO et de la Financière Banque Nationale ajustées mercredi font plutôt voir des attentes respectives à 0,09$ et 0,08$ US l'action. C'est un développement significatif.

Sur la base de son pronostic, l'analyste Fadi Chamoun, de BMO, s'attend même à ce que Bombardier puisse avoir besoin d'une injection de liquidités additionnelles en 2017.

Ce qui, disons-le, à moins d'un redressement marqué de la rentabilité, s'avérerait une opération financière plus qu'incertaine. Bombardier a déjà un haut niveau d'endettement, et le dernier financement à 2,21$US par action a assurément échaudé beaucoup de monde.

Tout n'est pas sombre

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?