Bombardier: l'heure de vérité a sonné

Publié le 02/03/2012 à 09:11, mis à jour le 02/03/2012 à 09:22

Bombardier: l'heure de vérité a sonné

Publié le 02/03/2012 à 09:11, mis à jour le 02/03/2012 à 09:22

Le futur appareil CSeries de Bombardier.

BLOGUE. Intéressante conférence téléphonique jeudi matin avec la direction de Bombardier. Qui permet de réaliser combien les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de l’avionneur québécois.

« Nous sommes relativement enthousiastes pour 2012, parce que l’on a maintenant des composants que l’on peut voir et montrer », a en substance dit Pierre Beaudoin en parlant notamment des cabines et des ailes de la CSeries. « Cela nous donne confiance que l’on progresse », a-t-il ajouté.

Le grand patron de Bombardier n’a cependant pas caché que beaucoup restait à faire. C’est une chose de fabriquer des composants, c’en est une autre de les assembler et de fabriquer des avions.

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Fonctionnera, ne fonctionnera pas la CSeries? C’est ce que l’on saura d’ici la fin de l’année puisque c’est l’horizon que la société a toujours en vue pour ses premiers vols.

Des doutes dans le marché

Ce n’est pas sans nervosité que l’on se dirige vers le moment de vérité. L’approche des premières opérations d’assemblage coïncide en effet avec une résurgence des inquiétudes quant au potentiel de la famille d’appareils.

En début de mois, le chef de la direction de Republic Airways, Bryan Bedford, a confié à Bloomberg qu’il était habité par le doute. « Ce qui est difficile (distressing), c’est qu’elle (la Cseries) n’a pas encore été un gros vendeur. Nous sommes préoccupés par la viabilité du projet », aurait-il dit.

Republic a 40 des 138 commandes fermes pour la CSeries, en plus de 40 options d’achats.

Elle a curieusement aussi passé à l’été une commande inattendue d’une vingtaine de A319 à Airbus pour sa filiale Frontier Airline. Le A319 sera le rival de la CSeries et des analystes ne sont pas convaincus que Republic et Frontier ont besoin d’autant d’appareils.

De mauvais augure pour Bombardier?

Ce n’est pas parce qu’un produit n’a pas fait autant de ventes préliminaires que ce que l’on aurait souhaité qu’il ne sera pas un bon produit une fois construit. Monsieur Bedford est victime du phénomène de la meute : c’est bon si tout le monde suit, ça ne l’est pas si ça suit moins. Le motif sur lequel il assoit son inquiétude est fort friable.

Il n’en demeure pas moins qu’après avoir dit qu’un appareil sera 15% plus économique que ce qui se fait sur le marché, et soutenu qu’il serait toujours plus économique que les versions améliorées à venir de Airbus et Boeing, il faut un jour que la promesse se matérialise concrètement.

C’est dans cette phase concrète que nous avançons maintenant. Quelque chose nous dit que si la promesse est livrée, le carnet de commandes des CSeries se garnira plus rapidement et monsieur Bedford sera bien heureux que Republic ait été la première à se présenter à la plaque (elle aura bénéficié d’un meilleur prix et de l’avantage d’être la première dans le marché). Si, à l’inverse, la livraison est inférieure à la promesse, sans dire que l’avenir de l’aéronautique sera totalement compromis pour Bombardier et le Québec (il restera les avions d’affaires et quelques ventes d’avions régionaux), il sera sérieusement assombri.

Surveillons la Chine

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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