Bombardier : l'acte de foi


Édition du 22 Février 2014

Bombardier : l'acte de foi


Édition du 22 Février 2014

Alors, où en est-on avec Bombardier ? Longuement attendue, la conférence téléphonique de la direction sur les plus récents résultats trimestriels, il y a quelques jours, aura finalement permis de faire le point sur l'état de situation.

Essayons d'y voir plus clair.

Quel est l'impact du retard du CSeries sur les liquidités ?

C'est l'une des principales inquiétudes qui flotte depuis la remise de l'entrée en service en deuxième moitié de 2015. Les coûts supplémentaires engagés dans le développement de l'appareil forceront-ils l'entreprise à renégocier ses conventions de crédit avec ses banquiers ?

À première vue, Bombardier a amplement d'encaisse (3,4 G$ US), mais 2 G$ de ces liquidités ne peuvent en réalité être dépensés en raison des conventions de crédit.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, on n'est pas réellement parvenu à savoir combien le retard allait ajouter au coût du CSeries. La direction parle maintenant d'un programme qui coûtera 4,4 G$ US, selon les normes comptables IFRS. Au dernier énoncé, le coût était à 3,9 G$ US. Cela laisse entendre un dépassement de 500 M$, mais, apparemment, les deux chiffres ne sont pas réellement comparables.

Une chose est claire : il reste encore 750 M$ US à dépenser en développement et 300 M$ US d'intérêts à capitaliser. Ces chiffres ne sont toutefois pas très éclairants pour l'instant.

Assez curieusement, la bonne nouvelle quant au risque que Bombardier manque de liquidités vient presque de la décote de Moody's, survenue la semaine dernière. La maison de notation estime que Bombardier brûlera au total 750 M$ US en 2014, et que son encaisse (3,4 G$ US) et ses lignes de crédit (1,4 G$) seront adéquates pour répondre aux besoins de développement.

C'est donc OK pour les liquidités à court terme (sur la prochaine année), mais les craintes ne se dissiperont pas totalement. Avec la décote de Moody's et celle de Standard & Poors, les débentures de Bombardier restent dans la catégorie «spéculatif» et ne sont plus qu'à un cran du niveau «hautement spéculatif».

Il ne faudrait pas un nouveau report.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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