BCE achète Astral: mauvaise nouvelle

Publié le 16/03/2012 à 16:15, mis à jour le 16/03/2012 à 17:30

BCE achète Astral: mauvaise nouvelle

Publié le 16/03/2012 à 16:15, mis à jour le 16/03/2012 à 17:30

BLOGUE. Ce que l'on pense de l'acquisition d'Astral Media par BCE? Pas très enthousiaste. Et la famille Greenberg devrait partager avec tous la prime pour ses actions.

C'est avec un assez grand scepticisme que l'on a assisté vendredi à l'annonce en se demandant si l'on n'était pas en train de placer l'avenir culturel du Québec entre les mains d'un trop petit nombre d'individus.

Avec l'acquisition d'Astral, la part de marché de BCE en télévision au Québec passe de 6% (principalement RDS) à 32%. Quebecor a de son côté une part de marché de 35%, Radio-Canada de 19%, et il reste 14% pour les autres.

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Rien de si dramatique, dira-t-on. Ian Greenberg avait déjà 26% de l'auditoire, on ne fait que combiner du sport à une série de chaînes spécialisées (Historia, D, Vie, Vrak, etc.). Il ne s'agit pas vraiment d'une si forte augmentation de contrôle. Et à quoi bon parler de la radio puisque Bell n'avait aucune présence et qu'on ne fait qu'inter-changer d'acteurs.

C'est à peu près le même discours qui était entendu à l'époque où Quebecor décida d'acheter TQS. Et après coup, lorsqu'on lui permit de conserver l'antenne phare québécoise TVA.

En information, le paysage médiatique est aujourd'hui à ce point concentré que l'on assiste à certains moments à des dérives et comportements douteux qui n'ont rien de sain pour la société.

L'exemple illustre bien que de juger les effets d'une transaction à partir des façons de faire actuelles de deux entités séparées peut-être fort trompeur. Il est préférable d'essayer de penser quelques coups à l'avance pour voir, non pas ce que seront les effets demain matin, mais dans quelques années.

Avec evenko, Bell est un producteur de spectacles. TVA l'est également. Et la chose va certainement s'accentuer avec la construction d'un nouveau Colisée à Québec.

Si vous êtes un promoteur culturel, il n'est pas clair que les choses augurent bien pour vous dans les prochaines années. Vous allez devoir vous battre contre de fameuses machines promotionnelles, qui tableront sur nombre de plateformes. Et qui n'auront pas intérêt à ce que vous occupiez la scène. Si vous êtes là, ce sera des revenus de moins pour leurs activités de production.

Vous êtes un producteur télé et vous cherchez une plateforme de diffusion? Le scénario risque d'être le même. Astral n'avait pas l'habitude d'investir trop fortement en production. La preuve réside dans la hausse constante de son dividende et de ses dividendes spéciaux (elle préférait sortir l'argent plutôt que d'investir plus fortement en contenus). Ça risque d'être passablement différent avec Bell, qui aura avantage à rechercher le plus souvent possible du contenu pour ses plateformes web et sans-fil. Du contenu produit par elle, pas par vous qui risquez de devenir un jour un compétiteur trop fort dans le marché de la production.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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