Pourquoi des sociétés craignent-elles de jouer sur l'échiquier mondial?

Publié le 07/06/2016 à 06:22

Pourquoi des sociétés craignent-elles de jouer sur l'échiquier mondial?

Publié le 07/06/2016 à 06:22

Trop peu d'entreprises canadiennes prennent de l'expansion à l'extérieur de l'Amérique du Nord. Et cette situation tient au manque d'ambition de leurs dirigeants et aux obstacles auxquelles sont confrontées les sociétés qui rêvent d'international.

Voilà la conclusion d'un sondage que dévoile ce mardi midi Rupert Duchesne, chef de la direction d'Aimia(Tor., AIM), une firme de marketing présente dans 20 pays, lors d'un déjeuner organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

En entretien avec Les Affaires avant cet événement, Rupert Duchesne a souligné qu'il y a un écart important de perception entre les entreprises qui n'ont pas de présence à l'étranger et celles qui y ont des ventes.

«Les sociétés uniquement présentes au Canada ne voient pas le bénéfice de croître à l'étranger, alors que celles qui y sont affirment que leur stratégie est un succès», dit-il.

Sur les 348 entreprises sondées par Aimia, 106 ne considèrent pas de prendre un jour de l'expansion à l'étranger. Et de ce nombre, 60% ne voit pas les avantages d'y aller.

Près de 70% des entreprises ayant répondu au sondage considèrent exporter un jour ou sont déjà présentes à l'international.

Mais selon Aimia, cette proportion devrait être plus élevée.

Comme les 348 entreprises sondées (plus de 50 employés) sont uniquement situées au Canada, il est impossible de savoir si ce «manque d'ambition» est plus élevé au pays qu'ailleurs dans le monde.

Selon Rupert Duchesne, l'absence d'une longue «tradition mercantiliste» du Canada comparativement à des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas pourrait expliquer le manque d'intérêt de certaines entreprises pour les marchés extérieurs.

La proximité du marché américain pourrait aussi expliquer pourquoi des sociétés canadiennes préfèrent ne pas trop s'aventurer sur les marchés européens ou asiatiques.

Quatre barrières à l'internationalisation

Par ailleurs, les 123 sociétés qui songent à faire le saut à l'étranger disent se buter à quatre obstacles majeurs: le manque de connaissances, la pénurie de talents, l'insuffisance de ressources et l'exposition aux risques.

Au chapitre des connaissances, 34% des dirigeants affirment ne pas savoir pas comment gérer les différences linguistiques ou culturelles dans les marchés étrangers.

La situation n'est guère plus reluisante à propos des talents. Par exemple, 37% des dirigeants affirment ne pas avoir les bonnes personnes au Canada pour prendre une expansion internationale.

Pour ce qui est des ressources, près de la moitié des entreprises sondées affirment ne pas disposer d'analyse ou de recherche de marché pour élaborer une stratégie globale.

Enfin, l'exposition aux risques à l'étranger représente aussi une barrière importante. Par exemple, 46% des entreprises affirment que l'actuel climat économique dans le monde– stagnation en Europe, ralentissement en Chine, par exemple– représente un frein majeur.

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand