M. Trump, et si on gérait le commerce ensemble?

Publié le 15/06/2018 à 12:42

M. Trump, et si on gérait le commerce ensemble?

Publié le 15/06/2018 à 12:42

Donald Trump et Justin Trudeau lors du G7 à Charlevoix [Photo: Getty Images]

PODCAST | Nous avons trouvé un traité de paix pour mettre fin à la guerre commerciale que le président Trump a déclarée, rien de moins. Et c'est d'une simplicité renversante: asseyons-nous tous à la table des négociations pour faire respecter les règles de marché existantes.

Le dérèglement commercial international nuit aux industries américaines. Ça ne plaît pas au président des États-Unis, et à raison. Mais M. Trump s’attaque aux symptômes de ce malaise économique en imposant des tarifs douaniers sur certains produits, alors qu’il devrait se pencher sur l’origine du problème : la concurrence déloyale des producteurs en Chine.

Et, plus précisément, les grandes sociétés d’État chinoises, les fameuses SOE (State-Owned Enterprises), qui ne se soumettent pas aux règles du marché et qui ont fait baisser ces dernières années les prix mondiaux de plusieurs produits, à commencer par l'acier et l'aluminium.

C’est plus facile de s’attaquer aux partenaires commerciaux pour Donald Trump. Il devrait au contraire renouer des alliances pour s’assurer que les règles du commerce international reflètent enfin la particularité de ces entreprises dopées par leurs autorités chinoises qui produisent à des prix dérisoires.

L’actuel président des États-Unis n’a pas pour coutume de privilégier la coopération, préférant secouer le cocotier afin d’arracher des progrès à la dure. La preuve, M. Trump a retiré son pays du Partenariat transpacifique (TPP) qui encadrait pourtant les SOE et autres monopoles.

Retrouver un chemin d’entente commerciale permettrait de préserver des emplois aux États-Unis, d’exporter plus pour les producteurs américains et d’éviter les frictions avec les principaux alliés, le Canada en premier lieu.

Naturellement, les travailleurs américains des entreprises productrices de matières frappées par les tarifs douaniers se réjouissent de la situation. Cela dit, toutes les autres entreprises qui utilisent ces produits ont de sérieuses raisons de s'inquiéter.

M. Trump aurait tout à gagner à contacter le premier ministre canadien, la chancelière allemande, le président français, pour convenir du fait que ces puissantes sociétés d’État chinoises font partie du modèle de développement économique de Pékin et que ce n’est pas près de changer.

M. Trump, asseyons-nous tous à la table des négociations pour faire simplement respecter les règles de marché par les producteurs de Chine. Des décideurs seront alors prêts à vous suivre pour redéfinir de façon «donnant-donnant» un commerce international plus fidèle à la réalité.

 

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À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand