Le krach boursier en Chine risque de ralentir les réformes

Publié le 10/07/2015 à 18:34

Le krach boursier en Chine risque de ralentir les réformes

Publié le 10/07/2015 à 18:34

Le krach a fait perdre beaucoup d'argent à des millions de petits investisseurs (source photo: Bloomberg)

ANALYSE DU RISQUE - Le krach de la Bourse chinoise depuis la mi-juin représente davantage un risque pour la libéralisation des marchés financiers en Chine que pour la santé de son économie. Car le parti communiste ne peut tout simplement pas se permettre de perde la face et sa crédibilité aux yeux des Chinois.

Le cas échéant, cette situation périlleuse pour le parti pourrait compromettre la promesse qu'il a faite en 2013 d'accorder un «rôle décisif» aux forces du marché dans l'économie chinoise, souligne le Financial Times de Londres.

Une situation qui pourrait miner particulièrement le programme du gouvernement central d'ouvrir davantage les marchés boursier et obligataire chinois aux investisseurs étrangers.

Comment ? En ralentissant ou en stoppant par exemple la distribution de quotas aux pays comme le Canada pour la libre circulation des capitaux entre la Chine et l'étranger.

Depuis le début des années 1980, le parti communiste a toujours utilisé la stratégie des petits pas pour libéraliser l'économie chinoise et l'ouvrir aux investisseurs étrangers.

Pourquoi ? Tout simplement pour ne pas perdre le contrôle et miner ainsi le pouvoir du parti communiste.

Malgré des crises ponctuelles, cette stratégie a relativement bien fonctionné, s'entendent pour dire la plupart des analystes.

Par exemple, de 1989 et 2014, le PIB chinois a bondi en moyenne de 9,1 % par année, selon le National Bureau of Statistics of China. Ce qui a permis à des centaines de millions de Chinois de sortir de la pauvreté la plus abjecte et d'améliorer leur niveau de vie.

C'est toujours dans cette perspective de la stratégie des petits pas que le gouvernement chinois a créé la Shanghai (Pilot) Free Trade Zone, en 2013, et le Shanghai-Hong Kong Stock Connect, en 2014.

La première initiative a libéralisé en grande partie la finance dans un périmètre de 29 kilomètres carrés à Shanghai, dont les taux d'intérêt s'appliquant par exemple aux obligations et aux prêts accordés aux entreprises.

La seconde initiative permet aux investisseurs de Hong Kong (incluant les étrangers) de participer aux transactions de la Bourse de Shanghaï, et aux investisseurs chinois de négocier des titres à la Bourse hongkongaise.

Mais aujourd'hui, ce type de réformes financières sont à risque, croient certains analystes. Voici pourquoi.

Pourquoi le parti communiste ne peut pas donner l'image qu'il a perdu le contrôle

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand