La prévision monde de François Normand: Jeb Bush président des États-Unis

Publié le 28/12/2015 à 11:41

La prévision monde de François Normand: Jeb Bush président des États-Unis

Publié le 28/12/2015 à 11:41

Photo Bloomberg.

PRÉVISIONS 2016– Je vous entends déjà rigoler ou vous demander si ça tourne rond dans ma tête. Eh bien, je persiste et signe: non seulement Jeb Bush remportera-t-il la course à l'investiture républicaine, mais il deviendra le prochain président des États-Unis.

Bon, je l'admets, cette prévision est pour le moins audacieuse –d'aucuns diront téméraire– compte tenu du contexte dans lequel elle est faite.

Après tout, le coloré Donald Trump domine actuellement la course à l'investiture républicaine, tandis que les autres favoris sont le sénateur du Texas, Ted Cruz, et le sénateur de la Floride, Marco Rubio.

Jeb Bush n'est sur l'écran radar de personne ou presque.

À la mi-décembre, un sondage national ABC News/Washington Post auprès des électeurs républicains donnait 38% des intentions à Donald Trump, tandis que Ted Cruz et Marco Rubio obtenaient respectivement 15% et 12%.

Pour sa part, Jeb Bush ne récoltait qu'un mince 5%.

Rien pour sabler le champagne!

Pourquoi donc alors prévoir sa victoire à l'investiture républicaine dans les prochains mois, suivi par celle à la course à la Maison Blanche en novembre 2016?

Eh bien, pour plusieurs raisons.

La popularité de Trump s'effondrera en 2016

Malgré sa très grande popularité (les médias l'adorent pour ses déclarations controversées, lui assurant de faire les manchettes), Donald Trump n'est tout simplement pas présidentiable.

Pouvez-vous vraiment l'imaginer diriger les États-Unis?

Pouvez-vous l'imaginer présider un sommet du G20, animer une rencontre de l'APEC (le forum de la coopération économique de la zone Asie-Pacifique) ou s'asseoir avec la chancelière allemande Angela Merkel pour régler une crise en Europe orientale?

Donald Trump n'est pas crédible à l'étranger. Il ne l'est pas non plus aux yeux d'une majorité d'Américains, et d'une frange d'électeurs républicains, ne l'oublions pas.

Aussi, dans les prochains mois, lors des primaires et des caucus dans les États, beaucoup de républicains se rendont compte que Donald Trump n'a pas vraiment de chance de devenir le 45e président des États-Unis.

Ils devront donc trouver un autre poulain pour tenter de battre le candidat démocrate, qui sera possiblement Hillary Clinton (mais les jeux ne sont pas joués non plus du côté démocrate).

Bush a plus d'atouts que Cruz et Rubio

Ted Cruz, Marco Rubio et Jeb Bush sont tous les trois présidentiables. Bush est toutefois celui qui a le plus de potentiel pour remporter l'investiture républicaine.

Pourquoi? Parce que Ted Cruz est trop associé au Tea Party. C'est un mouvement conservateur plus à droite que le Parti républicain, dont le représentant le plus célèbre est Sarah Palin, candidate à la vice-présidence en 2008.

Auparavant l'enfant chéri du Tea Party, Marco Rubio est devenu le candidat de l'establishment du parti républicain, dans un contexte où la campagne de Jeb Bush bat de l'aile.

Ce qui semble donner des ailes au sénateur de la Floride.

Cela dit, Marc Rubio ne prendra pas automatiquement la place de son ancien mentor, car la campagne de Jeb Bush est loin d'être morte, même si elle vacille depuis des mois.

Sa prestation - très remarquée - lors du débat des candidats républicains le 15 décembre, à Las Vegas, pourrait marquer un nouveau départ.

Non seulement a-t-il montré ses dents, mais il a donné une solide réplique à Donald Trump, lui reprochant d'être le «candidat du chaos», dont l'élection mènerait à une «présidence chaotique».

De plus, Jeb Bush a deux atouts majeurs que Marco Rubio n'a pas pour l'instant:

- beaucoup d'argent pour financer sa campagne (même si certains bailleurs ont sans doute l'impression d'en avoir perdu ces derniers mois...)

- son vaste réseau (l'influence de la famille Bush aux États-Unis, dans les milieux politique, économique et financier).

Ces deux facteurs sont le nerf de la guerre aux États-Unis.

Enfin, Jeb Bush ne serait pas le premier candidat à surprendre et à confondre la plupart des analystes politiques en remportant la course à l'investiture de son parti.

Vous souvenez-vous de l'investiture démocrate en 2008? La plupart des observateurs voyaient Hillary Clinton remporter la course. Or, elle a été devancée par un certain Barack Obama...

En 1992, il n'était pas non plus écrit dans le ciel que Bill Clinton remporterait l'investiture démocrate. Aussi a-t-il surpris bien des analystes.

Les États-Unis sont dus pour un changement de garde à Washington

Et pourquoi Jeb Bush remporterait-il l'élection présidentielle? Principalement en raison de la règle de l'alternance aux États-Unis.

Depuis un siècle, un parti n'a gardé le pouvoir à la Maison Blanche plus de deux mandats qu'à trois reprises seulement:

- les républicains, de 1921 à 1933 (Harding, Coolidge, Hoover)

- les démocrates, de 1933 à 1953 (Roosevelt, Truman)

- les républicains, de 1981 à 1993 (Reagan, Bush père)

Par conséquent, selon cette règle de l'alternance, il est plus probable que le prochain président des États-Unis soit un républicain, car le président démocrate Barck Obama termine son second mandat.

Tout cela me fait donc conclure que son successeur sera Jeb Bush.

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand