Cinq prévisions pour l'immobilier et le bois en 2023

Publié le 04/02/2023 à 09:00

Cinq prévisions pour l'immobilier et le bois en 2023

Publié le 04/02/2023 à 09:00

«La volatilité historique des prix que nous avons connue depuis le printemps 2020 semble désormais être dans le rétroviseur», affirme Fastmarkets. (Photo: 123RF)

ANALYSE GÉOPOLITIQUE. Après une dernière année très volatile, assisterons-nous à la même chose en 2023 dans l’immobilier résidentiel et le bois d’œuvre en Amérique du Nord? Fastmarkets, une firme spécialisée dans l’analyse des prix des ressources, fait cinq prévisions qui devraient vous affecter d’une manière ou d’une autre.

L’enjeu est de taille. Car une volatilité importante du prix du bois d’œuvre ou une variation majeure de l’offre et de la demande immobilière aura un impact sur les consommateurs, les entrepreneurs en construction et les producteurs de produits forestiers.

Voici les cinq prévisions que Fastmarkets formule dans une analyse récente.

 

1. Les mises en chantier chuteront

Les nouvelles perspectives de construction résidentielle en 2023 semblent pour le moins difficiles.

Depuis le début de 2022 (soit 13 mois), les ventes de maisons neuves aux États-Unis ont diminué de 20 à 30%. Le prix des maisons et les taux hypothécaires élevés ont eu raison des ambitions résidentielles de bien des consommateurs.

Et cette tendance devrait se poursuivre en 2023. En revanche, la chute devrait être moins brutale que l’an dernier. Fastmarkets s’attend à une baisse des mises en chantier de 13% à 1,36 million d’unités.

 

2. La demande de bois diminuera

Les plus récentes prévisions de Fastmarkets tablent sur une baisse de la consommation de bois d’œuvre résineux aux États-Unis de 4 à 5% (soit 2,2 milliards de pieds mesure de planche) à environ 48,2 milliards de pmp en 2023.

L’an dernier, la consommation avait déjà reculé de 800 millions de pmp.

«Une baisse de 2,2 milliards de pmp de la demande de bois d’œuvre aux États-Unis serait la plus forte baisse de volume observée en une seule année depuis 2009», souligne Fastmarkets.

Selon la firme, les conditions de la demande de bois d’œuvre «seront encore très difficiles» pour les détaillants de matériaux de construction, les grossistes et les exploitants d’usines en 2023.

 

3. La volatilité record des prix est terminée

Les prix du bois seront encore volatils. En revanche, nous ne vivrons plus des montagnes russes comme celles que nous avons connues depuis trois ans, assure Fastmarkets.

«La volatilité historique que nous avons connue depuis le printemps 2020 semble désormais être dans le rétroviseur.»

Deux facteurs expliquent ce phénomène.

D’une part, la demande continuera de baisser en 2023, et ce, en raison des prix des maisons, des taux hypothécaires élevés et du risque de récession.

D’autre part, l’écart entre l’offre et la demande est moins grand. C’est sans parler du fait que les chaînes d’approvisionnement se sont en grande partie remises du choc logistique provoqué par la pandémie de COVID-19.

 

4. Des fermetures de 1,5 G de pmp en C.-B.

L’offre de bois sera réduite de manière importante en Colombie-Britannique.

Ainsi, dans les 12 à 18 prochains mois, une partie importante de la capacité de l’industrie forestière devrait y fermer indéfiniment ou définitivement. Deux facteurs pèsent dans la balance: des conditions de marché très faibles et des contraintes de disponibilité de la fibre à long terme.

Fastmarkets prévoit un retranchement d’une capacité de 1,5 milliard de pmp.

À la fin du mois de janvier, le producteur de produits forestiers de Vancouver, Canfor, a annoncé une importante restructuration en Colombie-Britannique.

Il fermera en avril ses usines à Chetwynd (de manière définitive) et à Houston (pour une période prolongée, le temps de construire une nouvelle usine plus moderne et plus compétitive).

Ces fermetures supprimeront environ 750 millions de pmp de la capacité de production annuelle de l’entreprise.

Cela représente 1,4% la production de bois d’œuvre en Amérique du Nord.

 

5. L’inflation et les taux d’intérêt baisseront

Bien que les perspectives de l’industrie des produits forestiers semblent difficiles cette année, «il y a lieu d’être optimiste», selon Fastmarkets. Et cela est dû en grande partie aux perspectives d’inflation et de taux d’intérêt en 2023.

«Cet élément des perspectives macroéconomiques reste un énorme joker qui déterminera en fin de compte le moment du redressement de l’immobilier», explique la firme.

Fastmarkets est de plus en plus confiante que l’inflation «devrait chuter considérablement» d’ici la seconde moitié de 2023, pour se rapprocher de la cible de 2% de la Réserve fédérale américaine (Fed).

En décembre, l’inflation s’établissait à 6,5% aux États-Unis, selon le U.S. Bureau of Labor Statistics.

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand

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