Un nouveau marché pour Nouveau Monde Graphite

Publié le 23/11/2018 à 11:40

Un nouveau marché pour Nouveau Monde Graphite

Publié le 23/11/2018 à 11:40

Deux développements majeurs pour le projet minier de Nouveau Monde Graphite (NMG) dans Lanaudière: non seulement la société a-t-elle un gisement deux fois plus important que prévu, mais elle s’attaquera aussi à un nouveau marché, soit le graphique expansible.

«À terme, le graphite expansible pourrait représenter 10% de nos ventes», affirme le PDG de NMG, Éric Desaulniers, en entretien à Les Affaires, en marge de la récente publication des résultats étude de faisabilité pour son gisement situé près Saint-Michel-des-Saints.

Le nouveau potentiel de production de la mine passe donc de 52 000 à 100 000 tonnes par année, tandis la valeur du projet progresse de 499 millions à 1,2 milliard de dollars canadiens.

Le graphite expansible peut servir dans plusieurs applications industrielles, dont les matériaux de construction. Ils peuvent notamment ralentir, voire bloquer, la progression du feu lors d’un incendie.

Sa fabrication nécessite de gros flocons de graphite. Or, il se trouve que le gisement de Nouveau Monde en contient.

Actuellement, 100% du graphite expansible utilisé en Amérique du Nord, explique Éric Desaulniers. Parmi les clients potentiels pour acheter le production de l’entreprise figure le géant allemand de la chimie BASF.

L’entreprise allemande s’en servirait pour accroître la résistance au feu des polymères qu’elle produit, les EPS (Expandable Polystyrene), en mélangeant du graphite expansible à de la résine.

À terme, NMG planifie de produire 10 000 tonnes de produits de graphite expansible par année.

«Nous partirons la production à petite échelle à compter de 2021, mais nous pouvons facilement nous ajuster en fonction à la demande», précise Éric Desaulniers.

Outre le nouveau segment de marché du graphite expansible, le projet minier de NMG se décline en trois phases de transformation du graphite.

Première transformation : concentrés de graphite

À compter de 2022, la société commencera à extraire du minerai sur son site afin de produire du concentré de graphite. La moitié de la production sera essentiellement vendue à des producteurs de briques réfractaires.

On utilise ce produit dans les aciéries, les lubrifiants solides, les poudres métallurgiques et plusieurs petits marchés de niche (par exemple, des matériaux pour piles alcalines).

Quant à l'autre moitié, Nouveau Monde s'en servira pour produire elle-même du graphite sphérique et du matériel d'anode pour les batteries lithium-ion.

Deuxième transformation : graphite sphérique

Toujours à compter de 2022, la minière veut produire du graphite sphérique dans une nouvelle usine.

Elle vendra sa production aux manufacturiers de matériel d'anode pour batteries lithium-ion, qui sont uniquement situés en Chine, comme Li-Ion, Posco Chemtech et Zhinzoom.

En juillet 2017, Nouveau Monde a signé une entente avec Zhinzoom afin de distribuer à terme les produits de l'entreprise chinoise en Amérique du Nord.

Nouveau Monde pourrait du reste fabriquer un peu de graphite sphérique avant 2021 dans son usine de démonstration s'il y a une demande.

Comme cela serait avant l'entrée en production de sa mine, la PME devra toutefois acheter du concentré de graphite ailleurs, notamment auprès de la française Imerys Carbone & Graphite.

Sa filiale canadienne exploite une mine de graphite à Lac-des-Îles, dans les Laurentides, qui devrait cessera ses activités en 2021 en raison de l'épuisement du gisement. Imerys ne fait que la première concentration du graphite.

Troisième transformation : matériel d'anode pour batteries lithium-ion

À compter de 2023, Nouveau Monde veut fabriquer du matériel d'anode pour les batteries lithium-ion, alors que la production mondiale se retrouve dans trois pays : la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

Nouveau Monde vendra sa production à des manufacturiers de batteries lithium-ion comme LG Chem, XALT Energy ou Daimler.

Ces entreprises exploitent déjà des usines en Amérique du Nord, et elles comptent accroître leur production au début des années 2020 en raison de la forte demande pour les voitures électriques.

Nouveau Monde a été fondée en 2013.

La PME compte parmi ses actionnaires la Caisse de dépôt et placement du Québec, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ. Le principal actionnaire est Charles-Armand Turpin.

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand