Sécurité alimentaire : prenez une « photo » des risques en usine

Publié le 27/11/2018 à 14:58

Sécurité alimentaire : prenez une « photo » des risques en usine

Publié le 27/11/2018 à 14:58

La coopérative laitière Agropur a développé un processus pour déterminer et prioriser les risques liés à la sécurité alimentaire. Et cela, pour chacune de ses 28 usines au Canada. On en discute avec celui qui a piloté ce projet : Guy Latreille, directeur Conformité et Gestion de risque, Excellence opérationnelle et Qualité. M. Latreille participera à la conférence Sécurité alimentaire, présentée par les Événements Les Affaires le 6 février prochain à Montréal.

Pourquoi établir des priorités en matière de gestion des risques ?

Guy Latreille : Souvent, on essaie de régler 20 problèmes à la fois avec comme résultat que rien n’avance vraiment. Sans compter que les ressources ne sont pas illimitées et qu’on ne peut pas tout faire en même temps. C’est pourquoi il faut travailler en priorité sur les risques les plus importants en matière de sécurité alimentaire. Le défi dans notre cas, c’est que nous avons plusieurs usines qui ont chacune leurs points forts et leurs points faibles. Pas question de dire, par exemple, que la priorité annuelle de toutes les usines sera les risques de métaux dans les produits. Il faut que chaque usine ait son propre portrait des risques.

Comment avez-vous procédé ?

G.L. : Nous avons consacré un an de travail à développer un processus de gestion intégrée des risques qui s’appuie sur les données. Comme nous avons un volume énorme de données, il fallait extraire et traiter les données vraiment pertinentes, celles qui nous permettaient d’obtenir une « photo » en temps réel des risques de chaque usine. Pour trouver les bonnes données, nous avons utilisé la règle des 5 V. Volume, parce qu’il faut classer les données pour extraire celles qui nous sont utiles. Vélocité, pour la vitesse à laquelle elles sont régénérées. Variété, parce qu’il faut collecter des données en différents formats, qu’elles soient structurées ou non. Véracité, car c’est la qualité des données qui détermine l’efficacité de notre système. Et enfin, Valeur, parce qu’il faut se concentrer sur les données apportant une valeur ajoutée.

Et cela donnera quoi ?

G.L. : Ça nous permettra de travailler encore plus en mode préventif. En regardant l’ensemble des données pertinentes, nous pouvons voir des choses que nous ne verrions pas autrement. Par exemple, nos usines sont souvent auditées. Il y a des audits internes, des audits de clients, de certifications, de l’Agence canadienne des aliments… Il y a là beaucoup de données que nous regardions auparavant de façon isolée. En analysant toute cette information à l’aide de notre outil, nous pourrons trouver des constantes sur lesquelles agir.

Sécurité alimentaire

Qui décidera des actions à prendre ?

G.L. : Les usines seront responsables de prendre les actions appropriées en fonction des éléments qu’elles doivent améliorer. Leur « photo » des risques sera mise à jour quatre fois par année. Elles pourront suivre leur évolution, constater si les actions correctives qu’elles ont menées sont efficaces.

Il sera plus facile pour elles de mettre leur énergie aux bons endroits ?

G.L. : Notre outil est conçu pour faire ressortir les risques pour la sécurité alimentaire. Les usines seront donc appelées à travailler sur ce qui est prioritaire plutôt que sur des risques de qualité moins importants, comme des étiquettes un peu croches. L’outil sera aussi utile pour démontrer à la haute direction où il faut diriger des ressources. Plutôt que de lui transmettre une liste d’épicerie, nous faisons parler les chiffres.